Durant des années, sur les quais de Bayonne, le trafic bois s’est limité à des mouvements timides à l’import. Entre 30 000 t et 35 000 t de bois exotique venant du sud de l’Afrique et de bois divers étaient réceptionnées chaque année. Même la tempête de décembre 1999, qui avait ravagé les massifs forestiers du sud-ouest de la France, n’avait pas modifié ce long fleuve tranquille. C’est pourtant une autre tempête, celle de janvier 2009, Klaus, qui a marqué un tournant. Dès le mois d’avril 2009, 1 200 000 t à 130 000 t prenaient la mer tous les mois depuis Bayonne pour être utilisées comme bois énergie, expédiés en direction de l’Europe du Nord, notamment en Allemagne (80 % des volumes) mais aussi en Scandinavie et en Belgique. Des navires d’une capacité de 3 000 t à 7 000 t se succèdent dès lors à Tarnos, Saint-Bernard et Blancpignon, manutentionnés par Somatrab et LDA. « Lors de la tempête de 1999, nous n’avions pas récupéré de bois car la tempête avait surtout sévi au nord de l’Aquitaine, mais également par manque d’organisation. Klaus, elle, a généré près de 35 Mm3 tombés notamment dans le sud des Landes. Nous étions bien positionnés géographiquement, mais nous avons su en parallèle mettre en place une véritable stratégie commerciale. On a proposé aux sylviculteurs des solutions efficaces, notamment des zones de stockage. Tous nos investissements préalables d’acquis de foncier pour rendre des zones disponibles nous ont permis d’être réactifs. En outre, tous les acteurs consultés ont joué le jeu », indique le directeur des équipements et des Ports de la CCI de Bayonne, Pascal Marty. Se positionner également sur des trafics vracs de courte distance a joué face à un trafic bordelais tourné, lui, vers l’expédition de conteneurs vers l’Asie. La poule aux œufs d’or va-t-elle pour autant se tarir? Dans le meilleur des cas, le million de tonnes pourrait être atteint durant cette année. Seuls 40 % des bois ont été ramassés. La source est loin d’être tarie et le trafic, sur cette base, pourrait continuer jusqu’à fin 2011, mais tout dépendra du maintien des aides au transport de l’État. Bayonne voit pourtant dans ce trafic a priori conjoncturel l’occasion de pérenniser un trafic d’export de bois de chauffage ou de produits finis sur le long terme. « Un terre-plein supplémentaire de 5 000 m2 sera ainsi aménagé. Par ailleurs, des contacts commerciaux sont en cours pour valoriser ce bois sur place via une usine de transformation du bois en palettes », ajoute Pascal Marty.
En 2009, le port de Bayonne affichait un trafic bois de 674 636 t. Sur 2010, durant les quatre premiers mois, près de 500 000 t ont été réalisées. Au total, depuis avril 2009, ce trafic de bois de tempête a pesé 1,2 Mt, soit un chiffre d’envergure pour un port dont le trafic annuel global tourne autour des 4 Mt.