Les produits forestiers restent le dernier des trois piliers historiques de l'activité du port de Boulogne-sur-Mer. Mais en cinq ans, cette activité est tombée de près de 200 000 t à 80 000 t en 2009. Il s'agit d'importations de pâtes à papier liées à l'industrie française essentiellement. La base de clientèle est l'industrie des papiers et cartons de la vallée de l'Aa, près de Saint-Omer, à quelques dizaines de kilomètres de Boulogne, à quoi s'ajoute un hinterland étiré vers l'Est, d'abord le Nord-Pas-de-Calais, puis beaucoup plus loin, en particulier vers les Vosges et les Alpes. Dans les 20 dernières années, une grande part des grands noms européens du secteur a figuré au carnet de commande. Les pâtes sont déchargées en fardeaux par cargaisons de 1 500 t à 5 000 t environ.
« Ce n'est pas fini », proteste Enrico Frazetta, directeur de l'exploitation de Boulogne Hub Terminal (BHT), la société qui a succédé à Boulogne Forest Terminal le 1er décembre 2008. L'un des actionnaires de BHT, le Parisien Sopagim, devait lui apporter de nouvelles opportunités. « Notre clientèle est fortement touchée par la crise de surcapacité du secteur, et sollicitée par une forte concurrence. Cette clientèle a remis à plat tous ses coûts logistiques. Mais elle est intéressée par la proximité, ou le positionnement géographique intéressant de notre terminal, explique Enrico Fra- zetta. La vallée de l'Aa, la région de Lille, l'Est de la France et à présent la Pologne figurent dans notre hinterland », indique-t-il.
Quatre éléments de choix apparaissent déterminants pour les chargeurs: les origines des pâtes, le coût d'escale, l'organisation logistique autour du port et les coûts d'acheminement. Les origines sont fondamentales. Quand il s'agit de grandes cargaisons originaires d'Asie ou de grands chargeurs lointains opérant sur des lignes semi-régulières, Boulogne ne peut pas lutter face à Anvers. La concurrence avec des chargements en provenance d'Europe du Nord en shortsea avec des cargaisons de 3 000 t à 4 000 t. Une autre possibilité est le tramping en provenance d'Amérique du Nord, en particulier quand l'organisateur de transport juge intéressant d'ajouter Boulogne à une autre escale européenne majeure.
La force de Boulogne se situe dans son ancienneté et sa compétence, sa connaissance des clients, et une bonne organisation logistique. Environ la moitié des 20 000 m2 de capacité de stockage du quai de l'Europe, bien située à proximité des navires, permet de traiter les cargaisons en sécurité. Les régions boulonnaise et audomaroise sont riches en PME de transport spécialisée. L'une d'entre elle, Jessenne, est actionnaire du terminal.