« Ce que l'on désire, c'est s'adresser aux Havrais, aux gens qui travaillent, car on marche sur la tête. Veut-on réellement sauver des emplois? » Véronique Lépine, la présidente du groupement des armateurs et agents maritimes (Ghaam), a décidé de rompre le silence. Pour elle, la situation que vit le port du Havre avec la multiplication des grèves n'est pas tolérable. « Il ne s'agit pas pour nous de rentrer dans les négociations entre le port et les syndicats, ni d'arbitrer, mais nous éprouvons le besoin de nous exprimer car on ne voit pas grand monde défendre le privé. » La responsable rappelle que des emplois ont déjà été perdus l'an dernier à cause de la crise économique. « Il fallait préparer l'après-crise, or aujourd'hui le volume baisse à cause des grèves. » Véronique Lépine argumente son point de vue, chiffres à l'appui. « Anvers et Rotterdam affichent des résultats positifs avec 16 % de croissance. Au Havre, nous enregistrons 3 %. Ce qui est inquiétant, c'est que nous continuons à perdre des emplois et les armateurs voient que le port n'est pas fiable. Avec un projet comme le grand canal Seine Nord, la lutte va être encore plus dure avec les concurrents. Pour nous, l'équation est simple: le volume, c'est de l'emploi. » La responsable explique que, dans ce contexte social difficile, les armateurs s'organisent et « vont voir ailleurs. Ils avaient pourtant bien accueilli la réforme. » Autre chiffre cité par la présidente du Ghaam, près de 122 demandes de postes à quai ont été annulées en deux ans au Havre. « Mais ce chiffre n'est qu'une partie de l'iceberg, car c'est finalement quelque chose de difficilement quantifiable. Une chose est certaine, nous perdons 4 000 conteneurs par semaine au Havre à cause des grèves. » Véronique Lépine veut y croire en mettant en avant les nombreux atouts du port, son accessibilité maritime, la qualité des infrastructures ou encore son système informatique. « C'est d'autant plus dommage… »
7 jours en mer
Le mécontentement des armateurs
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