Le 12 mai, le groupe A.P. Møller-Mærsk a présenté les résultats du premier trimestre 2010 qui sont meilleurs que prévus. Exprimé en dollars, le chiffre d'affaires du groupe a augmenté de 20 %, atteignant 13,200 Md$ (9,77 Md€ avec un change à 1,35093 au 31 mars 2010), et le résultat net est passé de − 373 M$ à + 639 M$ (473 M€). Exprimé en couronnes danoises, le CA n'a augmenté que de 13 %. Compte tenu de ses activités, la croissance du groupe s'explique par la hausse du prix du baril et le net redressement de l'activité conteneurs. Nils S. Andersen, p.-d.g. du groupe, reste cependant très prudent pour le reste de l'année, en particulier pour le second semestre, en ce qui concerne le développement du transport conteneurisé.
Mærsk, dont la capacité de transport est à peu de chose près deux fois supérieure à celle de CMA CGM, a donc terminé le trimestre avec un chiffre d'affaires de 5,749 Md$ (4,255 Md€), en hausse de plus de 23 %; l'EBIT est passé de − 457 M$ à + 324 M$; et la contribution du secteur de − 581 M$ à + 168 M$. Le taux de fret moyen par EQP (équivalent quarante pieds) a augmenté de 18 % atteignant les 2 863 $ (sans indication sur la composition de cette moyenne). Le volume transporté a enregistré une hausse de 20 % à 1,8 MEQP.
Cette croissance est principalement due à la reconstitution des stocks aux États-Unis et en Europe et, dans une moindre mesure, à un retour de consommation, explique le transporteur. Avec le retrait de navires, la croissance de la demande a entraîné une hausse des taux de fret durant les trois premiers mois. Au début du 2e trimestre, les taux se sont stabilisés sur la plupart des routes maritimes et des dégels de capacité sont de plus en plus fréquents. En 2010, la demande mondiale de transport conteneurisée devrait augmenter d'au moins 5 %, et l'offre de transport de l'ordre de 6 % à 9 %, note Mærsk sans conclure explicitement au maintien d'une surcapacité. Alphaliner s'attend à une croissance de la capacité conteneurisée de 9,5 % en 2010 et 9,7 % en 2011. Durant la présentation des comptes, accessible par internet, le p.-d.g. du groupe a ajouté que les taux du premier trimestre étaient toujours inférieurs à ceux de 2008 et ne permettaient pas une exploitation rentable, notamment sur le transpacifique qui est le principal moteur de la croissance. Les efforts doivent porter plus sur une hausse tarifaire que sur une augmentation des volumes transportés (est-ce la fin de la chasse à la part de marché? ndlr).
Les contrats de volume sur le transpacifique se sont enfin terminés avec leurs taux bas, souligne Mærsk. Depuis le 1er mai, une hausse « considérable » des taux a pu avoir lieu pour un volume « raisonnable ». Selon le p.-d.g., près de la moitié du volume transpacifique fait l'objet de contrats annuels dont on ne peut sortir facilement. Une proportion que l'on ne retrouve sur le segment Europe-Extrême-Orient qui est plus volatil du point de vue des engagements. Durant les trois premiers mois de l'année, les volumes ont augmenté de 15 % à 16 %, selon le sens, sur ce segment.
Pour l'année en cours, Mærsk évoque les incertitudes spécifiques au transport conteneurisé: taux de fret peu prévisibles, demandes et offres de transport incertaines. La différence de ton avec la CMA CGM est surprenante. L'une est cotée en Bourse, l'autre non.