Pris en flagrant délit de déballastage en plein jour et à 11 miles à peine au sud des côtes marseillaises, le fait en dit long sur les us et coutumes qui persistent dans le monde maritime. Le SDS-Rain, navire conventionnel de la société transalpine SDS Navigation sous pavillon italien, a été surpris par l’avion Polmar de la Douane l’après-midi du 22 avril. Le forfait était signé par une nappe d’hydrocarbure longue de 22 km sur 50 m de large. Le navire avait quitté au matin le terminal minéralier de Caronte Fos, où il avait déchargé de la terre et chargé 5 000 t de ferraille, pour rejoindre le port turc de Golcuk. Ce conventionnel de 8 278 tpl, mesurant 107 m de long pour 18 m de large, a été construit en 2000 par le chantier polonais de Gdynia.
À la demande du procureur de la République de Marseille, le SDS-Rain a été dérouté sur ordre d’un hélicoptère de la Marine nationale et d’un patrouilleur de service public vers le port de Marseille pour y être inspecté. Arrivé le lendemain matin, le cargo a été immobilisé jusqu’à ce que l’armateur paie une caution de 800 000 €. La peine maximale encourue dans ce genre d’affaires est de dix ans d’emprisonnement et de 15 M€ d’amende. « L’enquête se poursuit pour déterminer les responsabilités », a indiqué le procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest.
Les flagrants délits seraient relativement rares: 12 depuis 2003 (dont 2 ferries l’an dernier), selon la préfecture maritime de la Méditerranée. Pourtant, l’an dernier, 322 pollutions de tous types (terre et mer) ont été répertoriées sur le littoral méditerranéen et 46 depuis le début de 2010.