Des projets similaires sont en cours aux États-Unis, en Norvège, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Ceux de DCNS ont été présentés à la presse à Paris le 13 avril, par son directeur général délégué, Bernard Planchais.
Éoliennes flottantes
Le projet Winflo (Wind turbine with INnovative desgin for Floating Lightweight Offshore) consiste à développer un système d’éoliennes flottantes, adaptées à des fonds de plus de 50 m et suffisamment éloignées de la côte pour limiter les nuisances et profiter de la stabilité des vents. Le système se compose d’un flotteur semi-submersible d’une grande stabilité, d’une éolienne légère avec un rotor tripale et un dispositif d’ancrage caténaire. Le projet, d’un budget de 30 M€, est réalisé par un consortium qui le finance à 70 % et qui comprend DCNS, Nass & Wind Industries, Saipem, In Vivo, l’Ifremer et l’Ensieta. Une aide de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) est attendue cet été, afin de valider le concept Winflo par la construction d’un démonstrateur de 3 MW. En 2012, ce dernier sera testé pendant un an à terre puis en mer au large de la Bretagne et raccordé au réseau EDF en vue d’une certification en 2014. Des études d’impacts environnemental, social et économique auront lieu de la conception à la fin des essais. Les éoliennes flottantes, commercialisées en 2015, devraient permettre la création de 5 000 emplois d’ici à 2020.
Hydroliennes sous-marines
L’hydrolienne est une turbine productrice d’électricité à partir des courants de marées, parfaitement prévisibles. De petites dimensions, elle peut être fabriquée en grand nombre et, complètement immergée, n’a pas d’impacts visuel et sonore. Une étude de faisabilités technique et économique d’une centrale pilote de 20 MW va être lancée pour une installation en 2013 au Raz Blanchard, où les courants de marées sont les plus forts. La France dispose de deux endroits prometteurs pour l’implantation de parcs d’hydroliennes: le Raz Blanchard au large du Cotentin, et la passe du Fromveur à proximité de l’île d’Ouessant. DCNS, dont les sites de Cherbourg et de Brest n’en sont éloignés que de quelques milles, pourra donc assurer la maintenance de ces futurs parcs. L’exploitation des courants de marées, surtout possible en Manche, en Bretagne et à la périphérie de la côte britannique, représente un marché d’environ 1 Md€. Au niveau mondial, ce chiffre varie de 10 Md€ à 20 Md€.
Centrale thermique marine
L’énergie thermique des mers utilise la différence de température (gradient) entre l’eau de surface, chaude, et celle, froide, en profondeur. Une centrale thermique flottante, installée entre 10 km et 20 km au large, peut produire du courant électrique en permanence et de façon rentable si le gradient est de 20 oC. La principale difficulté technique réside dans la conception, la fabrication, l’installation et l’exploitation pendant 30 ans d’un tuyau d’aspiration d’eau froide d’une longueur de 1 000 m et d’un diamètre de 5 m à 10 m. Dès cette année, DCNS va développer un démonstrateur de tuyau, en consortium et avec un cofinancement de l’Ademe, et conclure des partenariats technologiques avec des industriels français et étrangers. L’énergie thermique des mers pourrait répondre en partie aux besoins des DOM-TOM. Une étude de faisabilité a été lancée en 2008 à La Réunion, en vue d’une centrale pilote de 10 MW d’ici à 2015. Cette année, une autre sera entreprise à Tahiti et des études d’implantation seront lancées sur d’autres sites français et étrangers. Le marché mondial de l’énergie thermique des mers concerne 55 pays sans alternative aux énergies fossiles et 101 pays tropicaux.
L’énergie des vagues
Le « houlomoteur » transforme en électricité l’énergie des vagues. Un flotteur immergé, mû par celle-ci, transmet son mouvement à une pompe située à environ 30 m de profondeur qui met un fluide sous pression, lequel est refoulé jusqu’à une turbine hydroélectrique à terre puis redescend à nouveau à la pompe. À partir de ce concept, dit CTO et conçu par la société australienne Carnegie, DCNS va réaliser un démonstrateur à La Réunion d’ici un an. Ce procédé, qui ne nécessite que de l’eau et du vent, représente une ressource de 2 000 TW/an, contre 2 587 TW/an pour la production mondiale d’électricité d’origine nucléaire.
Enfin, DCNS évalue le chiffre d’affaires des énergies marines renouvelables à 4-6 Md€ d’ici à 2020, et à 30 000-50 000 le nombre d’emplois créés. Il compte recourir au grand emprunt de l’État pour atteindre ses objectifs.