Un reefer sinon rien

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L’entrée de l’Espagne dans le Marché Commun, en 1985, a mis fin, sur les terminaux bordelais, à un trafic séculaire d’importations d’agrumes et de primeurs venant du Maroc et de Californie, trafic récupéré depuis par les ports d’Europe du Nord. Dédié à ces flux, le H 45 de Bassens, le seul entrepôt portuaire climatisé et non réfrigéré, construit à la fin des années 1960 et servant de marché à quai, a dès lors mis la clé sous la porte. Aucun entrepôt portuaire frigo n’a depuis pris la relève. « Les circuits d’importation ont changé. Cette marchandise arrive par camion ou transite par des ports spécialisés dans la réception notamment de légumes. De plus, les entreprises qui exportent sous température dirigée disposent d’entrepôts sur site et utilisent dès lors des conteneurs Reefers », note Laurence Bouchardie, chargée du trafic conteneurs au port de Bordeaux. « Un entrepôt réfrigéré sur le port de Bordeaux ne se justifierait que face à un trafic important de marchandises palettisées, ce qui n’est pas le cas. En outre, avec les normes sanitaires actuelles, avoir un tel lieu de stockage représenterait pour le port des coûts très importants pour une demande qui n’existe pas aujourd’hui ».

À Bordeaux, le ballet des conteneurs thermiques s’est donc imposé, ceux-ci transitant via les escales hebdomadaires des deux compagnies maritimes, CMA-CGM et MSC. Sur les 80 000 conteneurs plein-vide annuels passant par Bordeaux, plus de 4 700 entrent dans cette catégorie pour un tonnage représentant 20 000 t. Fruits et légumes, cacao, médicaments, viandes et poissons, vins (2 000 t) sont embarqués depuis Bassens et le Verdon qui disposent de sites équipés de prises pour brancher les conteneurs. Le tout part en direction des Antilles, de la Chine, du Canada, du Brésil, du Bénin, de l’Égypte, de la Côte d’Ivoire, de l’Afrique du Sud, des États-Unis… À part quelques crustacés des Antilles, les importations, elles, sont à tel point minimes que nombre de conteneurs Reefer, pour ne pas revenir à vide, reviennent chargés de denrées non périssables telles que papier journaux ou mobilier.

Les sociétés de la place bordelaise spécialisées dans l’export de denrées alimentaires, telle que Dupouy à Bruges, reconnaissent, face à de faibles volumes et un souci de regroupage, n’avoir même pas recours aux services portuaires bordelais pour leurs trafics frigo. Quant au stockage, des sociétés privées ont pris la relève, proposant aux chargeurs des entrepôts sous température dirigée. Selon Christian Bagur, adjoint à la direction de GR Valade, spécialisée dans l’import-export et dont 80 % de leur export passe par le port de Bordeaux, « ces sociétés privées, à la vue des volumes, couvrent largement les besoins d’entreposage ».

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