En 2008, le marché des marchandises sous température dirigée a représenté 156 Mt, soit un triplement depuis 2000. De ce total, le maritime se taille la part du lion avec 77 Mt, soit la moitié du trafic mondial. Une part que le lion continue de faire croître puisqu’elle est passée de 57 Mt à 77 Mt, soit une progression de 35 % de 2000 à 2008.
Dans ce marché des marchandises sous température dirigée entrent de nombreux types de produits. Les fruits et légumes emportent une grande part, mais la viande ou encore des dérivés de produits sont transportés par voie maritime. Depuis les légumes chiliens en passant par les fruits ivoiriens ou encore les bananes antillaises ou sud-américaines, sans oublier les poulets congelés de Doux et la viande bovine et ovine, une grande partie de ces produits se sont offert une croisière maritime avant de se retrouver sur les étals des marchés européens. Le développement des trafics de ces produits s’est d’abord réalisé avec des navires spécialisés. Ces navires de type conventionnel ont longtemps été les uniques opérateurs. L’arrivée de la conteneurisation et notamment des prises électriques sur les navires ont permis aux armements conteneurisés de venir prendre une part de ces trafics. Si aujourd’hui des spécialistes demeurent à l’image de Seatrade ou de NYKCool AB, d’autres commencent à souffrir.
La flotte de navires spécialisés dans ce marché se rétrécit au détriment des navires cellularisés. Ce combat entre navires spécialisés et conteneurs a démarré depuis quelques années. Dans son rapport annuel, Green Reefer – armement spécialisé sur ces marchés – annonce une baisse nette de 10 % de la flotte des navires spécialisés. Et cette diminution de la flotte ne devrait pas s’arrêter de sitôt. Selon le rapport de Drewry, il existe à fin 2009 quelque 763 navires. Il ne devrait pas y en avoir plus de 635 en janvier 2015, soit une baisse de 16,7 %. En juin 2009, Eastwind Maritime, la société qui a racheté les navires du groupe bananier Chiquita, a été placé sous redressement judiciaire par les autorités américaines (chapitre vii des lois sur les faillites). La question qui demeure après cet événement est de savoir si d’autres suivront dans ce cercle vicieux.
La bataille féroce que se livrent les opérateurs spécialisés de navires conventionnels et les armements de navires conteneurisés devrait redoubler dans les prochains mois. L’arrivée de navires entièrement cellularisés avec des capacités importantes pour les marchandises sous température dirigée pourrait porter une nouvelle estocade aux opérateurs spécialisés. Selon le rapport Drewry, si le marché de ces marchandises doit s’intensifier dans les prochaines années, cet apport important de capacité conteneurisée pourrait faire de cette bataille une véritable guerre. Aujourd’hui, 15 % de la capacité des navires porte-conteneurs est destinée à prendre des conteneurs frigorifiques. Et dans son étude, le consultant britannique donne l’exemple de Mærsk Line sur sa ligne Ecubex. La mise en ligne de cinq navires avec une capacité de 600 conteneurs frigorifiques par navire, soit 1 200 EVP. Mærsk Line devient un champion de ce marché. Après avoir pris des parts dans le marché de l’exportation de bananes depuis les Antilles françaises, il s’attaque maintenant aux fruits d’Amérique centrale.
Le point positif de ce marché réside dans les prévisions. Les récoltes de fruits et légumes devraient augmenter et, après la baisse des taux de fret dans les conteneurs en 2009, il est attendu une hausse pour 2010.