Le 12 mars, un chalutier chinois a été détourné dans les eaux internationales au large du Cameroun avec sept marins pêcheurs à bord. L'attaque a été revendiquée par le groupe « Africa Marine Commando », qui exige une rançon. Quatre jours plus tard, les autorités chinoises et camerounaises ont reconnu avoir entamé des négociations avec lui. La vie des marins n'est pas en danger, a précisé l'ambassade de Chine à Yaoundé. De son côté, le ministère camerounais des Affaires étrangères a rappelé que son gouvernement a pour principe de ne pas verser de rançon.
Le 16 mars, des pirates somaliens ont laissé repartir le chimiquier Theresa-VIII, après versement d'une rançon de 3,5 M$ d'après l'organisation kenyane Programme d'assistance aux marins d'Afrique de l'Est. Le navire de 22 294 tpl (propriété singapourienne, pavillon des Îles Vierges) avait été détourné le 16 novembre 2009 au sud-ouest des Seychelles, avec notamment 28 Nord-Coréens à bord, libérés sains et saufs. Par contre, son commandant est mort des suites des blessures reçues lors de l'abordage par les pirates.
Peines aggravées
Le 10 mars, un tribunal de Mombasa a condamné à vingt ans de prison sept pirates somaliens, capturés par la Marine britannique lors d'une tentative de détournement du cargo danois Powerful dans le golfe d'Aden en 2008. Deux autres pirates ont été tués pendant l'attaque. Les sept condamnés devraient faire appel. Dix autres, précédemment jugés, purgent une peine de sept ans. En outre, une centaine de prévenus sont détenus au Kenya.
De son côté, la Marine française a transféré 22 présumés pirates, récemment capturés à 85 milles au large de Mogadiscio, aux autorités de la région semi-autonome du Puntland. Lors d'une conférence de presse au port de Bossaso, le directeur adjoint de la police Mohamed Sicid Jaqanaf a indiqué qu'ont également été remis deux skiffs (embarcations rapides) et une vidéo ne laissant aucun doute sur leur armement et leurs intentions. En revanche, a-t-il précisé, la Marine française a jeté à l'eau les armes et munitions confisquées et a gardé 11 autres pirates. Ce transfert porte à 72 le nombre de présumés pirates en instance de jugement au Puntland, qui en a déjà condamné 154 à de longues peines d'emprisonnement.
De plus en plus loin
Les pirates d'Afrique occidentale font moins parler d'eux que ceux de Somalie et préfèrent les cargaisons aux otages contre rançons. Ils constituent un risque croissant dans une région où les découvertes de pétrole s'y multiplient et où la surveillance est faible. La lutte contre la piraterie dans le golfe de Guinée est donc envisageable, estime le commodore Hans Christian Helseth, directeur adjoint des opérations au commandement maritime de l'Otan. Interrogé le 12 mars lors d'un séminaire à Oslo sur la piraterie, il anticipe une recrudescence autour de la corne de l'Afrique et une extension vers l'Inde et Madagascar. « Nous sommes dans une période transitoire de trois mois entre les moussons d'hiver et d'été, dit-il, les pirates partent avec davantage de carburant et d'approvisionnements qui leur donnent un rayon d'action considérable dans l'océan Indien ». L'internationalisation croissante des forces navales sur zone pourrait modifier leurs chaînes de commandements. Ainsi, « d'ici à la fin de 2010, l'action de bâtiments américains pourrait être coordonnée par un amiral chinois », a indiqué le commodore lors du séminaire. Il évalue à 30 % la proportion de navires qui n'appliquent pas les mesures de sûreté, dans les zones où les attaques sont plus fréquentes et où un détour implique un coût de transport plus élevé. « Pour certains armateurs, seul le profit compte. Ils se moquent de la sécurité de leurs équipages ! », souligne Hans Christian Helseth.