«Pour faire revalider ses brevets et autres certificats, notamment ceux portant sur la lutte anti-incendie, il suffit de présenter son livret maritime », explique Éric Hannier. En d'autres termes, un navigant peut fort bien avoir effectué toute sa carrière de navigant sans n'avoir jamais plus touché un extincteur de sa vie, regrette-t-il. « Certaines compagnies maritimes ont fort bien compris le risque et envoient leurs officiers et marins en stage de formation continue même si celui-ci n'est pas obligatoire. D'autant que manipuler une lance à eau alimentée par un tuyau de 70 mm de diamètre sous pression est tout sauf facile », souligne l'officier de sapeur-pompier volontaire.
« Certaines, mais pas toutes », répond en écho un commandant français dont l'employeur français a refusé de lui faire faire un stage de lutte anti-incendie car cela n'était pas obligatoire pour conserver tous ses brevets.
Interrogée à ce sujet, la direction des Affaires maritimes répond « qu'en application de la règle I/11 et A-I/11 de la Convention STCW, tous les titres sont revalidables au moyen d'une navigation de douze mois dans les fonctions au cours des cinq dernières années. Si le navigant ne remplit pas cette condition, alors il peut revalider son titre au moyen d'un stage ou d'un test de revalidation. Ces dispositions ont été transposées dans la réglementation française.
D'autre part, en matière de certificats du chapitre VI, dont fait partie la lutte contre l'incendie, la convention STCW n'impose pas la revalidation du certificat ». Tout est dit : la norme est contre-productive mais c'est la norme. De quoi alimenter un débat juridique sur l'obligation générale de prudence et de diligence (JMM du 19/6/2009 ; p. 16 et 17). Cela écrit, il est possible de contourner la norme internationale « minimale », par exemple, dans le cas de la revalidation du certificat attestant de la formation médicale de niveau 3 de tout officier. Cette revalidation passe obligatoirement par un stage pratique. Explication de la Direction des Affaires maritimes :
« le recyclage en matière de formation médicale (chapitre VI) est imposé non pas par la convention STCW mais par une directive européenne ». La 92/29/CEE du Conseil du 31 mars 1992, pour être précis, portant sur les « prescriptions minimales de sécurité et de santé pour promouvoir une meilleure assistance médicale à bord des navires ».
Son article 5 stipule que chaque État membre prend les mesures nécessaires pour que (...) le capitaine ou la personne déléguée « aient reçu une formation particulière réactualisée périodiquement, au moins tous les cinq ans, prenant en compte les risques et les besoins spécifiques requis par les différentes catégories de navires (...)».
Application concrète : un navigant s'étant gravement brûlé faute d'avoir su correctement réagir devant une situation à laquelle il n'avait plus été confronté depuis sa sortie d'école, sera soigné par un capitaine continuellement formé à cela. Il en éprouvera, sans doute, une satisfaction certaine.