L'année 2009 n'est pas une année comme les autres pour Cherbourg. Il s'agit de la première année d'activité de SAS Port de Cherbourg, société privée créée par la CCI de Cherbourg et Louis Dreyfus Armateurs (LDA) pour gérer le port de commerce. Le bilan 2009 prend ainsi un intérêt tout particulier. S'agissant du trafic transmanche, on ne peut pas dire que le nouveau gestionnaire ait fait des merveilles. Bien au contraire. Le chiffre d'affaires de l'activité ferries a chuté de 13 % avec une baisse de 23 % du fret et de 9 % du trafic passagers sur la Grande-Bretagne et ce, malgré les bons résultats des catamarans rapides qui ont malgré tout transporté 10 % de passagers de plus qu'en 2008. Si cette baisse reste inférieure à la baisse générale du trafic transmanche cela est en partie dû à la bonne tenue du trafic sur l'Irlande (Irish Ferries) qui a connu en 2009 une augmentation de 2 % de son trafic passagers et de 5 % de l'activité fret.
Pour autant, responsables portuaires et représentants du personnel ne cachent pas leurs inquiétudes pour l'année qui s'annonce. Brittany Ferries, en se séparant du Barfleur pour le remplacer par le Cap-Finisterre, n'assure désormais que trois rotations par semaine contre sept l'année dernière. Une politique qui conduit à constater une diminution du trafic avec la Grande-Bretagne de 35 % alors que la baisse générale du marché n'est que de 17%. « Ce n'est pas ainsi que nous allons faire revenir les passagers sur Cherbourg », fait on remarquer sur le port où l'on apprécie par ailleurs avec inquiétudes l'arrivée d'un navire Brittany Ferries portant le nom d'un cap breton. « Jusqu'alors, les bateaux opérant à Cherbourg avaient toujours des noms du coin ».
Celtic Link Ferries redéploie le Norman-Voyager
L'armement irlandais Celtic Link Ferries, qui se décrit comme « le véritable armement de ferries à bas tarifs », exploite deux navires fret/passagers entre Rosslare et Cherbourg.
L'un est le Norman-Voyager, construit en 2008 et disposant d'une capacité de 800 passagers, 200 voitures et 120 unités de fret. Il appartient à Epic Shipping, filiale britannique du groupe Pacific Basin de Hong Kong. Il était auparavant exploité sur la ligne Portsmouth-Cherbourg, que la Celtic Link Ferries a supprimé fin 2009 après la mise sous séquestre du navire par la Maritime Coastguard Agency pour ne pas avoir satisfait aux tests de sécurité de base. Le Norman-Voyager est actuellement sous-affrété à LD Lines, qui a décidé de louer des espaces sur le service de Celtic Link Ferries plutôt que d'ouvrir sa propre ligne Rosslare-Cherbourg.
L'autre ferry est le Diplomat, plus âgé et d'une capacité de 112 passagers et de 1 320 m de linéaire pour les véhicules de fret.
Par ailleurs, Celtic Link Ferries avait suscité une polémique à l'annonce de son projet de transport d'animaux vivants entre Portsmouth et Cherbourg. Il y a renoncé devant les protestations des associations de défense des animaux. Néanmoins, ces exportations irlandaises se poursuivent... par d'autres entreprises.
Irish Ferries attend le retour de l'Oscar-Wilde
L'armement irlandais Irish Ferries, propriété de l'opérateur maritime et portuaire Irish Continental Group, assure deux services fret et passagers sur la France à partir de Rosslare : l'un sur Cherbourg et l'autre sur Roscoff.
Il exploite aussi deux services sur la Grande-Bretagne : Dublin-Holyhead et Rosslare-Pembroke. Les services sur la France sont normalement assurés en alternance par le ferry de luxe Oscar-Wilde, qu'Irish Ferries a racheté à Color Line en 2007 pour 45 M¤ (51 M ¤). Ce navire de 31 914 tjb a été construit en Finlande en 1987 et déployé sur la route Oslo-Kiel sous le nom de Kronprins-Harald. Il a ensuite été modernisé au coût de 5 M£ (5,6 M¤) pour disposer de deux salles de cinéma de 55 places, de cabines à 2, 3, 4 et 5 étoiles et de 120 sièges inclinables. Sa capacité est aujourd'hui de 1 458 passagers, 580 voitures et 1 220 m linéaires pour les véhicules de fret. Or, l'Oscar-Wilde est actuellement hors service à la suite d'un incendie, survenu le 2 février peu après son entretien annuel au chantier A & P Shipyard de Falmouth. Il n'y a eu aucun blessé parmi les 117 membres d'équipage. Le navire est alors retourné à Falmouth pour une période de réparations et d'inspection d'environ un mois.