Le 25 février, Jean-Louis Borloo, ministère d'État, chargé entre autres de la mer, s'est déclaré « scandalisé par cet accident qui aurait largement pu être évité. Ce n'est pas acceptable ! Je regrette également que l'alerte n'ait pas été donnée suffisamment tôt pour éviter ce fléau qui se retrouve aujourd'hui aux larges de nos côtes. Maintenant, l'important c'est de faire preuve de la plus grande réactivité possible pour limiter les dégâts et protéger notre littoral ainsi que le milieu marin. Nous sommes évidemment très attentifs aux opérations en cours. Nous devons aussi renforcer nos procédures de coopération transfrontalières pour qu'on puisse agir plus vite et plus efficacement dès la première alerte ».
Le ministre détient donc des informations précises sur les circonstances de l'incident qui « aurait pu être largement évité ». Contacté par deux fois, avant et après le passage de la tempête Xynthia, le service de presse du cabinet n'a pas rappelé avant le bouclage de la présente édition.
d'indignation
Les contacts entre un remorqueur et le navire qu'il doit servir, sont rares mais pas exceptionnels. Le 1er août 2008, au Havre, ayant perdu sa propulsion alors qu'il se trouvait devant un porte-conteneurs allemand, le SD-Gironde était heurté par deux fois. Pas de blessé ; pas de pollution ; pas de scandale.
Le communiqué du ministre précise également que le préfet maritime de Méditerranée en liaison constante avec Jean-Louis Borloo (...) a déclenché le plan Ramoge. Ce qui semble indiquer une nouvelle modification de l'organisation de l'État en mer. Jusqu'au 2 février inclus, à écouter Jean-François Tallec, Secrétaire général de la mer, les préfets maritimes (prémars) étaient placés sous l'autorité du Premier ministre, via le SG mer (JMM du 5/2/2010 ; p. 7) Ils n'ont pas ou ils n'avaient pas à être en liaison constante avec d'autres ministres, surtout en temps de crise.
Honorant rarement de sa présence les exercices « antipol » régulièrement organisés par les prémars, Jean-Louis Borloo n'a probablement pas eu l'opportunité de parcourir le retour d'expérience (retex) d'Euronyme 2009 exercice organisé par la prémar de Méditerranée. Il aurait pu lire « qu'enfin, les partenaires étrangers rappellent la nécessité de les informer d'une crise dès son commencement, avant même le déclenchement des plans de coopération régionaux ». Il n'y a pas de raison pour que ce qui ne marche pas bien en France, marche mieux en Italie.
Le retex contient d'autres constatations susceptibles d'entraîner d'autres communiqués d'indignation. Que dira un jour Jean-Louis Borloo après avoir entendu le prémar de Méditerranée lui expliquer qu'il avait refusé d'héliporter une équipe d'évaluation et d'intervention sur un chimiquier chargé, car elle ne disposait de matériels antidéflagrants ou de tenues Viking (JMM du 20-11-2009 ; p. 11) ? Que dira-t-il lorsque les stocks polmar seront restés dans leurs entrepôts du fait de la disparition des moyens humains et techniques nécessaires à leur déploiement, à la suite de la restructuration des services de l'État.