Le 25 février, en s'exprimant lors du colloque organisé à Hambourg par Marine Money sur le financement maritime, Jean-Yves Schapiro, l'un des trois DG délégués de CMA CGM, a eu les honneurs de la presse anglo-saxonne, à commencer par le Financial Times.com le 25, repris par le Journal of Commerce.
À la Une du Lloyd's List du 26 février, « la CMA CGM a totalement sous-estimé la durée et l'ampleur de la crise. (...) Elle a expliqué à ses banquiers à la fin 2008 que la guerre des prix ne dépasserait pas l'été 2009. Nous avons eu tort. Les prix ont continué à s'effondrer. (...) Les difficultés de la compagnie viennent de la combinaison de divers facteurs : un accès facile et bon marché à l'argent ; des erreurs de surcommandes ; et une chasse aux frets conteneurisés qui a amené les compagnies à transporter des boîtes pour le prix d'un billet de cinéma ».
Jean-Yves Schapiro a également stigmatisé les investisseurs potentiels trop « avides » (greedy) qui ont fait des offres inacceptables pour reprendre certains actifs du groupe.
Concernant le rachat du porte-conteneurs de 6 500 EVP que CMA CGM avait commandé à Hanjin pour plus de 100 M$, par Cardiff Marine, propriété de George Economou au prix de 41 M$, les commentaires de Jean-Yves Schapiro ont été très sobres : « Il y a des opportunités (dans notre secteur) et le vainqueur est George Economou. Il a récupéré l'un de nos navires et a fait une très belle affaire ».
Les banques sont devenues plus cyniques et cherchent à « débrancher » les débiteurs pour lesquels elles estiment, à tort ou à raison, il n'y a plus d'avenir. Pour certains armateurs, cela pourrait être difficile », ajoutait le directeur financier. Le FT.com reprenait la phrase suivante : « Je pense réellement que les banques n'ont pas d'autre choix que de soutenir les compagnies qui rencontrent des difficultés ».
dans le viseur
Toujours selon le LL (et le FT.com), les plus vives critiques du représentant de la compagnie française ont visé les aides publiques chinoise, sud-coréenne et allemande dont bénéficient leurs compagnies nationales, créant ainsi des inégalités de traitement. « Je suis de ceux qui s'interrogent sur l'aide française mais qui regarde la Chine. Ses compagnies perdent plus d'argent à la boîte que nous mais elles sont aidées par la Banque de Chine qui leur accorde une ligne de crédit de 2 Md$ ».
«Il est dommage pour la CMA CGM que Marseille ne soit pas ainsi riche que Hambourg » dont le Land est intervenu dans le sauvetage de Hapag-Lloyd, relevait le FT.com.
« Jean-Yves Schapiro a analysé le passé et ne parlait pas de la situation actuelle, ni des perspectives », soulignait le 3 mars le service de communication de la compagnie, préférant mettre en avant le long entretien de Rodolphe Saadé publié dans le JOC de février 2010.
Philippe Soulié, nouveau DG, « knows how to count. And we know how to run a shipping company, so together it's only positive » concluait Rodolphe Saadé, l'un des trois DG délégués.
Michel Neumeister