Dans son édition du 8 janvier, Libération explique par le menu comment en 2008, CMA CGM a perdu près de 900 M$ en spéculant sur les évolutions tarifaires des soutes. Si dans un premier, il s'agissait de se couvrir à terme contre les fluctuations du prix des soutes, compte tenu des gains dégagés, CMA CGM se met à jouer sur le marché des dérivés. Tout va pour le mieux jusqu'au moment où, contre toute attente, le marché se retourne en juillet 2008. La compagnie perd ainsi environ 860 M$. « La CMA CGM, qui confirme nos informations, s'est ainsi privée de la réserve d'oxygène qui lui aurait été nécessaire aujourd'hui pour tenir à distance ses créanciers et faire face à des engagements financiers colossaux » écrit Libération.
Interpellée, la direction de la communication de la compagnie nous a précisé que ceci est une affaire ancienne et que CMA CGM, comme ses concurrents, a perdu de l'argent sur sa couverture à terme.
Le quotidien s'est également intéressé aux multiples sociétés contrôlées plus ou moins directement par Jacques Saadé. Mais l'essentiel est ailleurs :en échange d'une rallonge de 500 M¤ encore à débloquer (juste de quoi passer l'hiver le sauvetage devant être complété au printemps par une augmentation de capital) elles (les banques) ont réclamé le nantissement des deux tiers des actions CMA CGM. En cas de défaut de paiement, elles deviendraient propriétaires ». Le nantissement des titres nous a été confirmé le 12 par le service de communication de la compagnie, d'autant que le site d'informations financières Wansquare précisait le 29 décembre que le nantissement portait sur 67% des titres détenus par la famille.
Sans mettre en doute les qualités professionnelles des deux journalistes de Libération, ces articles semblent tomber juste au bon moment ; au moment, il y serait de bon ton pour l'actionnaire très majoritaire de ne pas mettre de bâton dans les roues de Philippe Soulié, le nouveau directeur général appelé par les banques. Que Jacques Saadé prenne de la hauteur mais pas de stratégie d'encerclement autour du nouveau d.g.
La CFDT au secours de CMA CGM
Un communiqué du syndicat maritime CFDT de Normandie explique que le syndicat a appris le 12 janvier que CMA CGM n'avait toujours pas reçu la ligne de liquidité «qui devait leur être accordée par les banques » malgré les réponses positives apportées aux « exigences » de ces dernières. La compagnie « ne peut plus se permettre d'attendre plus longtemps que les banques honorent leurs engagements ». La CFDT « attend de l'État qu'il fasse tout son possible pour débloquer cette situation qui n'a que trop duré. Au cas où nous n'aurions pas l'assurance que les fonds soient versés à CMA CGM avant la fin de la semaine, notre organisation syndicale attentera des actions : blocage des ports et barrages routiers ».