«Plus d'indépendance mais pas de privatisation »

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JMM : Pour donner un ordre de grandeur, combien d'emplois génèrent le port ?

Freek Ossel : Actuellement, environ 50 000 personnes travaillent au port. Notre ambition pour les vingt prochaines années est de créer 15 000 nouveaux emplois, en partie par de nouvelles activités et en partie par le remplacement de gens trop âgés pour travailler au port.

JMM : Quelles sont les relations entre le port et la ville ?

F. O. : C'est un service de la Ville. Il n'est pas indépendant. Son personnel est fonctionnaire. Ses dirigeants ont des obligations à respecter, mais avec une certaine marge de manoeuvre pour dégager des ressources. Une fois par an, nous concluons un accord sur des objectifs de croissance et de développement durable. L'accord de la municipalité est indispensable quand le port doit prendre des mesures en matière d'usage de terrains ou de tarification pour sa partie maritime. Nous examinons les résultats quatre fois par an et discutons de ce qui doit être présenté aux autres membres du conseil municipal. C'est en effet lui qui prend les grandes décisions. D'un côté, le port fonctionne comme une entreprise compétitive et, de l'autre, il doit se conformer à nos directives.

JMM : Il doit donc réaliser des bénéfices, qui lui reviennent ou qui sont versés au budget général ?

F. O. : Naturellement, ils reviennent à la Ville. Pour investir, le port a besoin de notre accord. Il réalise environ 45 M¤ de bénéfice par an. C'est une somme considérable pour la Ville.

JMM : D'autres partenaires pourront-ils participer plus tard au capital du port, je veux dire des partenaires privés et, si oui, quelles seront leurs participations ?

F. O. : Vous allez droit au but ! Je ne peux pas encore vous donner une réponse définitive. Le processus est en cours. Il est question de donner davantage d'indépendance au port, mais il doit remplir certaines obligations. J'espère, mais rien n'est certain, que d'ici un an ou deux, une décision sera prise pour faire du port d'Amsterdam une entité indépendante avec des actionnaires, à savoir la Ville et les pouvoirs publics régionaux, car c'est une entreprise de service public sur une vaste zone. Nous ne voulons pas le privatiser. Mais, il n'est pas exclu que l'État prenne aussi une participation. Nous en discutons. Notre philosophie politique, c'est que l'État doit fonctionner dans le domaine public et aussi dans le domaine privé. Tout sera discuté, naturellement. Le port aura un capital par actions, dont nous (la Ville) détiendrons toujours la majorité !

JMM : ce sera donc comme à Rotterdam ? (La société d'exploitation du port, à capitaux publics, fonctionne comme une entreprise privée).

F. O. : Ce sera comme à Rotterdam !

JMM : Quelle est la politique portuaire de la Ville en matière d'environnement ?

F. O. : Il est essentiel que la protection de l'environnement soit de la meilleure qualité. Il y aura une relation entre le développement durable et le profit. Sans profit, on ne peut pas obtenir de développement durable. Sans mesures environnementales, on ne peut réaliser de croissance « propre ». Nous voulons une croissance, disons pour les trafics de conteneurs et de certains produits. Quand nous utilisons les quais, nous voulons que ce soit pour un développement durable. Il est possible d'utiliser le même terrain pour augmenter la capacité d'entreposage. C'est une façon de mieux l'utiliser, mais dans une perspective de développement durable et de meilleure qualité environnementale. Cela fait partie des discussions. Autrefois, les activités portuaires tenaient plus ou moins compte de la protection de l'environnement. Aujourd'hui, elle en fait partie. Il est aussi possible d'avoir un port compétitif par rapport à ses concurrents. Nous ne sommes pas un très grand port, mais nous avons de grandes ambitions. Nous avons décidé qu'il doit être exemplaire en matière d'environnement.

JMM : Y a-t-il de grands travaux concernant le changement climatique ? Par exemple, si le niveau de la mer monte dans quelques années ?

F. O. : Nous avons une écluse construite il y a environ 80 ans et que nous pensons devoir remplacer. Mais elle appartient à l'État, qui doit donc financer les travaux à temps. En outre, nous en voulons une autre, plus grande et plus profonde, pour les nécessités du marché. Dans quelques années, nous devrons pouvoir accueillir des navires plus grands, toujours dans une meilleure perspective de développement durable. Enfin, nous voulons une écluse qui facilite la construction d'infrastructures concernant le niveau de la mer et le changement climatique, toujours en tenant compte de l'environnement. Évidemment, parallèlement à la construction de l'écluse, il faudra prendre des mesures pour améliorer l'état des routes et utiliser davantage les trains, qui sont plus écologiques. Une partie de la difficulté consiste à attirer des navires, de façon à ce que ça soit également bon pour le climat. Par exemple, comme dans le port de Los Angeles, leur fournir de l'électricité à partir de la terre. Nous devons faire ces investissements pour les navires et les entreprises de pêche, afin de faire plus de bénéfices qui nous permettront de faire de nouveaux investissements. En conséquence, la nouvelle écluse est très importante pour nous. Je pense que nous pourrons en discuter avec l'État et les autorités publiques provinciales.

JMM : Les investissements seront partagés entre les trois ?

F. O. : Nous allons négocier la répartition. Tous exerceront un droit de contrôle. Je suis optimiste.

JMM : Pensez-vous arriver à une solution d'ici deux ans ?

F. O. : La principale décision sera prise cette année ou au début de la prochaine, quand nous aurons élaboré la totalité du projet. Il est donc envisageable d'avoir l'écluse en 2016 ou 2017.

JMM : Y a-t-il de grands travaux en préparation pour l'accès au port d'Amsterdam par voies routières, ferroviaire et fluviale ?

F. O. : Davantage de voies ferrées pour les services logistiques vers l'hinterland. Nous travaillons à cet effet avec le port de Rotterdam. Nous voulons promouvoir le transport, plus propre, de marchandises par trains et voies d'eau. Nous planifions également des investissements avec Rotterdam.

JMM : La Ville va-t-elle rendre plus de terrain disponible pour le port ?

F. O. : Après 2020, il n'y aura plus de terrain disponible. Nous allons donc l'utiliser plus efficacement. C'est possible de le faire. Il en reste encore pour le remplacement de certaines activités à proximité de l'eau. Après 2020, nous allons combiner croissance et nécessité de davantage d'espace. Nous y pensons dès aujourd'hui, car cette responsabilité nous incombe. Mais, au-delà de nos frontières, c'est celle des autorités provinciales qui devront établir des plans pour après 2030 et 2040. Une étude déterminera s'il y aura du terrain disponible pour nous. C'est un futur lointain, mais nous devons y penser maintenant. Si nous gagnons de la croissance en 2025, la situation nous sera favorable pour justifier plus d'espace. Cette question sera traitée dans les prochaines années.

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