JMM : Pouvez-vous donner une estimation chiffrée du trafic du port en 2009 à la suite de la crise économique, avec les différences selon les types de frets : vracs secs, vracs liquides et marchandises générales ?
Dertje Meijer : Le trafic total du port d'Amsterdam a baissé de 2, 5 % à 55,5 Mt entre janvier et septembre 2009. Celui de la zone portuaire du canal de la mer du Nord (Amsterdam, IJmuiden, Beverwijk et Zaanstad) a diminué de 10,1 % à 65 Mt, au premier semestre 2009. Notre part de marché dans la zone Hambourg-Le Havre a été de 8,2 %, contre 7,7 % à la fin de 2008. cette performance tient surtout à la stabilité des entrées et à la qualité du service. Le port offre en effet une grande variété de services qui le protègent des fluctuations économiques. Le trafic des vracs secs devrait légèrement fléchir en 2009. Toutefois, ce déclin sera moindre que dans les ports voisins. Le trafic de charbon est resté presque étale, avec un bon premier semestre et une légère baisse au second. Celui des produits agroalimentaires est resté stable. Le trafic des marchandises générales, hors conteneurs, devrait chuter considérablement de près de 25 %. Les ports voisins connaissent une situation semblable à cause de la crise économique. C'est surtout dû à la baisse de la demande. Quoique les stocks se soient reconstitués, très peu de commandes se manifestent.
JMM : Parlons des droits de port, sont-ils stabilisés ? Comment comptez-vous procéder pour attirer davantage de compagnies maritimes à Amsterdam ?
D. M. : Les recettes d'Amsterdam provenant des droits portuaires maritimes ont baissé de 9,7 % à 33,4 M¤ au cours des neuf premiers mois. Au premier semestre nous avons enregistré une hausse des recettes. Elle correspond à l'évolution des terminaux pétroliers. Au cours des dernières années, leurs opérateurs ont fait d'énormes investissements et profité de la forte demande de capacité d'entreposage.
Les droits sont réévalués chaque année selon un pourcentage d'augmentation décidé par la municipalité. Les prix au port sont stables. Par suite de la crise économique, les droits de ports ne seront pas augmentés en 2010. Le port élabore actuellement ses projets commerciaux pour les prochaines années. En 2010, il faudra s'assurer que les compagnies maritimes restent au port et que le trafic de marchandises se maintienne au même niveau. De nouvelles activités vont résulter du développement des énergies renouvelables, comme la biomasse et les biocarburants.
JMM : Quels sont les travaux publics déjà approuvés mais qui n'ont pas encore commencé ? Quand devront-ils être terminés ? Combien coûtent-ils et comment sont-ils financés ?
D. M. : 2009 a vu le début de la construction d'un deuxième tunnel routier et d'une nouvelle autoroute pour améliorer l'accès à la zone portuaire. Son coût est d'environ 1 Md¤ à la charge de l'État néerlandais. Elle sera terminée en 2012. En outre, une nouvelle gare ferroviaire sera construite et celle en service sera agrandie. Une deuxième correspondance ferroviaire sera réalisée et la ligne actuelle sera modernisée. Le coût total d'environ 90 M¤ sera supporté par l'État et une aide européenne de 7 M¤ (subvention TEN-T). En outre, une deuxième écluse maritime sera construite à IJmuiden. Les travaux commenceront en 2012 et se termineront en 2016. Cette écluse aura une longueur de 500 m, une largeur de 65 m et une profondeur de 18 m. La construction sera financée par le ministère des Transports, des Travaux publics et de la Gestion de l'eau, la municipalité d'Amsterdam et la province de Nord-Hollande.
JMM : Quelle est la répartition de la voie d'eau, du ferroviaire et de la route dans les accès au port ? Existe-t-il un transfert multimodal pour les conteneurs et les autres marchandises ? Le port a-t-il ciblé le marché du « transport écologique » ?
D. M. : Il y a 60 % de connexions par la route, 35 % par la voie d'eau et 5 % par le ferroviaire.
JMM : Où se trouvent les grands opérateurs d'entrepôts ? Vont-ils investir davantage dans le port ?
D. M. : Plusieurs prestataires de services logistiques vont développer de nouvelles activités d'entreposage et de distribution pour les compagnies maritimes internationales. Ces activités se feront surtout dans la nouvelle zone de distribution dénommée « Atlaspark ». CWT Sitos investit dans de nouvelles installations d'entreposage pour les dérivés du cacao et pour les autres produits périssables. Il espère ainsi mettre en oeuvre des entrepôts automatisés à grands empilements, afin d'optimiser l'espace disponible.
Steinweg-Handlesveen vient de terminer un terminal ultramoderne sous température dirigée pour le cacao, en vue d'optimiser l'entreposage des fèves en vrac et en sacs. Ce terminal sera doté d'un terminal ferroviaire dédié, où les fèves prélavées et mélangées seront chargées directement dans des wagons.
JMM : Pouvez-vous expliquer comment Amsterdam est devenu le premier port européen pour le cacao ?
D. M. : ADM et Cargill sont deux entreprises américaines installées dans le Zaan, zone nord du port. Elles traitent à elles deux plus de 400 000 t de fèves de cacao par an. ECOM Dutch Cocoa en traite de 40 000 t à 60 000 t. Cela fait presque 500 000 t de fèves de cacao traitées chaque année dans la zone portuaire d'Amsterdam. L'industrie du cacao fabrique des produits dérivés (agglomérés, beurre et poudre) pour toute l'Europe. Les produits semi-finis sont acheminés dans le monde entier.
JMM : Le départ de la Grand Alliance a marqué cette année 2009. Quels en sont les effets ?
D. M. : À partir du 27 janvier, les biens de consommation, transportés par conteneurs, arriveront à Amsterdam via Rotterdam. C'est dû au fait que la Grand Alliance n'offre plus de services directs entre l'Asie et Amsterdam. Le port espère que l'économie va vite repartir et que les trafics de conteneurs reprendront rapidement, conduisant à une augmentation du trafic de biens de consommation.