Depuis son arrivée à Brest, le 24 novembre, le ferry Onyx fait beaucoup parler de lui. En panne de propulsion dans le DST d'Ouessant (réducteur et moteur de barre notamment), il avait été contraint par la Préfecture maritime de prendre la remorque de l'Abeille-Bourbon. Âgé de 43 ans, ce ferry hors d'âge et plutôt délabré avait quitté la Finlande pour gagner Bahreïn. Du moins, aux dires de Prayati Shipping, son propriétaire basé à Bombay. Une version qui n'a convaincu aucun professionnel maritime brestois, tous persuadés que l'Onyx était bien plus dévolu à la déconstruction qu'à la navigation. Ce qui, pour l'association Mor Glaz, faisait du vieux ferry, classé en cargo, un « déchet » au sens de la convention de Bâle.
Déradant deux fois et cassant même sa chaîne, l'Onyx a fini par accoster pour effectuer les réparations qui s'imposaient. Alors que ces travaux se poursuivent, l'armateur a dû faire face à un nouveau problème. Un avatar. Marqué par « la peur de leur vie » dans le rail, avec du très gros temps et seulement les deux moteurs bâbord en état de fonctionner, l'équipage a vécu plusieurs jours en combinaison de survie. Lundi 14 décembre, le commandant et 14 marins ont mandaté l'ITF pour se faire payer les salaires impayés depuis deux mois et demi (soit 75 000 $ en tout). Le lendemain, le tribunal de commerce de Brest a prononcé la saisie conservatoire du navire. « Dès le mercredi, les arriérés étaient réglés, commente François Caillou. Mais 15 marins sur les 26 de l'équipage ont quitté Brest le mercredi 16 et un autre équipage est attendu pour les remplacer. »
Une fois les travaux terminés (pour un montant de 50 000 ¤), le navire devra encore recevoir l'aval du centre de sécurité des navires. « Infesté de rats, privé d'eau chaude et de toilettes, ne marchant plus que sur ses deux moteurs bâbord, ce navire a toutes les chances de quitter très prochainement Brest », pronostique pourtant l'ITF qui ne voit aucun texte juridique sur le quel s'appuyer pour l'en empêcher.