Le 20 novembre, lors d'un comité d'entreprise extraordinaire, la direction du chantier de construction navale STX Saint-Nazaire, ex-Chantier de l'Atlantique, 2410 salariés, a annoncé les modalités de son plan de départs volontaires. Soit 351 postes répartis à hauteur de 51 pour les cadres, 131 pour les techniciens et les agents de maîtrise, et 169 pour les ouvriers. Ce plan, s'ajoutant au chômage partiel en vigueur, soit 250 000 heures jusqu'à la fin février avec des jours chômés payés à 92 %, s'explique par l'absence de commande de navires de croisière depuis le 29 mars 2007, -hormis un navire militaire, le BPC qui sera livré en 2011, ne représentant que le quart d'un paquebot en charge de travail- s'accompagnant ainsi d'une chute du chiffre d'affaires du chantier ligérien. Ce C.A. sera presque divisé par deux pour l'année 2010, avec la livraison des deux derniers paquebots en cours d'armement, le MSC-Magnifica pour l'armement italien MSC en février, et Norwegian-Epic, pour la compagnie américaine NCL, au printemps. Il était de 1,2 Md¤ en 2008. La direction espère arriver à un chiffre d'affaires de 900 M¤ en 2012.
1,5 navire par an espéré
« Nous avons décidé de maintenir nos compétences, bureaux d'études et fabrication, afin de pouvoir réagir vite, et de pouvoir redémarrer rapidement. Nous avons renforcé nos équipes commerciales », explique Éric Breux, DRH de STX France. En d'autres termes, cette possibilité de départ s'adresse prioritairement aux catégories professionnelles en sureffectif, tout en préservant les compétences clés nécessaires pour tenir les engagements actuels et futurs, espère la direction.
Le DRH estime que le marché des paquebots va reprendre, tout en jugeant que l'activité et le chiffre d'affaires ne retrouveront pas le niveau nécessaire au maintien de la structure actuelle. « Nous envisageons dans les prochaines années de passer de la construction de 2,5 navires, actuellement, à 1,5 ». Ce plan de départs volontaires doit s'ouvrir entre janvier et avril, et pourra être revu à la baisse si d'ici à la fin janvier de nouvelles offres se débloquent. Ce plan, basé sur le volontariat, ne le restera que jusqu'au 30 juin 2010, date de la fin de l'accord sur le chômage partiel qui interdit les licenciements économiques jusqu'à cette échéance.
L'aide de Bercy
La CGT estime que la réduction des perspectives industrielles hypothèque l'avenir : « cette fois-ci, on s'attaque au noyau dur ». FO craint que le chantier ligérien ne passe au-dessous du seuil critique pour répondre aux commandes, avec la tentation de délocaliser une partie des activités au détriment des entreprises de sous-traitance du bassin industriel régional. Elles représentent 5 000 salariés, environ.
Les syndicats rappellent que l'État est actionnaire à hauteur de 34% de STX France, et le groupe coréen à hauteur d'un peu plus de 50 %. Ils en appellent donc « à la responsabilité de l'État ». Ils s'étonnent, comme le souligne la CFDT, de l'abandon de la commande d'un quatrième BPC pour la Marine nationale.
Des négociations sont toujours en cours avec l'armateur italien MSC, « avec l'aide de Bercy pour élaborer un montage financier acceptable pour notre client », souligne Éric Breux, ainsi que pour la construction d'un ferry par l'armement breton Brittany Rerries ayant comme actionnaires des collectivités territoriales de l'Ouest. Et, depuis un an, maintenant, le chantier ligérien espère également décrocher des contrats dans le domaine de l'offshore. Même, si, « en tant que nouvel entrant, nous devons faire nos preuves », confie le DRH.
« Reste que si on n'a pas de commande au premier trimestre, on est très mal », analyse le délégué de la CFDT, Marc Ménager.