Alors que la situation de la réparation navale industrielle n'était toujours pas éclaircie à Marseille assistait-on à un nouveau signe de détente, voire une issue, qui intervenait sur le front de la réparation navale marseillaise ? L'arrivée du Scandola indiquait les nécessités de la CMN (qui n'avait pas hésité à confier le Girolata aux chantiers de Barcelone en mars) autant que sa confiance dans l'évolution de la situation.
L'impatience et la colère
L'accalmie n'aura duré que quelques jours. Une semaine juste après l'entrée dans forme 9 du Scandola, les ex-UNM bloquaient le terminal à conteneurs de Mourepiane pendant deux jours, puis le terminal de croisières le 21 au matin déroutant deux paquebots annoncés, le Costa- Concordia et le Voyager-of-the Seas, vers Toulon. « On nous a parlé de confiance, d'apaisement du climat, explique Patrick Castello, secrétaire CGTde la réparation navale à Marseille. C'est sur ces mots que nous avons accepté de laisser entrer le navire ». Avant d'avertir, « on pourrait assister à des actes graves. Il sera difficile de contenir une colère légitime si on nous trahit encore. Nos collègues occupent le site depuis 263 jours. On ne peut pas indéfiniment jouer avec leur sensibilité. C'est inhumain ».
Le silence de la préfecture des Bouches-du-Rhône sur les deux points d'accord à l'issue d'une rencontre a provoqué la colère des syndicalistes. Ce dont se défend le préfet Michel Sappin en bottant en touche. « Sur la prolongation du CRP, nous avons fait la demande, conformément à la nouvelle loi qui allonge sa durée, et relancé les services concernés (ministère du Travail). Nous attendons une réponse avant le 5 décembre, date d'expiration des CRP actuels », assure la préfecture. Quant à l'appel à projets, le Préfecture affirme avoir « indiqué aux anciens UNM qu'ils pourraient avoir des éléments dans le cadre du calendrier prévu le GPMM et dans le respect des règles des marchés. C'est donc au port de voir les informations qu'il peut donner ». Là- aussi, le choix d'un éventuel repreneur est ramené à début décembre, date de la sortie de la forme du Scandola. La brutale impatience des ex-UNM tient-elle à l'incertitude où on les maintient ou dans la certitude « d'un coup fourré ». Pour la CGT, le préfet anticipe peut-être un échec de l'appel à projets : « Nous ne pouvons imaginer qu'il ne connaisse pas le contenu des enveloppes ». Si l'appel du GPMM se révèle infructueux « qu'on ait le courage de nous le dire et l'on cherchera un autre montage ». Qualifiée en son temps « d'intelligente » par le Préfet, la solution avancée par les anciens salariés de la filiale de Boluda avec le Gepam (Groupement des entreprises du Port autonome de Marseille) qui représente 14 entreprises sous-traitantes, se révélerait encore plus pertinente. Syndicalistes et entrepreneurs se proposaient de gérer les formes « en tampon », de manière provisoire en attendant la venue d'un repreneur.