Après s'être réunis en février à Brest, les membres de la Fédération française des pilotes maritimes se sont retrouvés le 20 octobre dernier à Bordeaux, pour leur deuxième réunion annuelle. La criminalisation de la profession était au centre des préoccupations. « On observe depuis près de 5 ans un phénomène rampant, mais qui s'amplifie un peu partout dans le monde : le risque pour les pilotes d'être pris dans la tourmente judiciaire, même si toutes les précautions de leur part sont prises. Un pilote de San Francisco vient ainsi d'être condamné à dix mois de prison ferme pour pollution pétrolière suite à un accident mineur », indique le capitaine Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président de la Fédération rassemblant 32 syndicats. Il rappelle que depuis août 2008, selon le droit français, les pénalités encourues pour une pollution involontaire sont de 15 ans de prison et 700 000 ¤ d'amende pour le capitaine du navire mais également pour tous ceux qui ont participé à la manoeuvre. « En France, un pilote, aujourd'hui, est en examen sur une avarie de navire. C'est la première fois qu'on va si loin en pénal. Notre seule protection, c'est une assurance pour couvrir les frais de défense ». Par ailleurs, l'éventualité de ne plus dépendre des Affaires Maritimes, tutelle à laquelle ils sont particulièrement attachés, alimente de même les inquiétudes.
Lors de la réunion bordelaise rassemblant 36 pilotes, un autre sujet, plus positif, était à l'ordre du jour : la nécessité de mettre en place un plan de formation nationale sur les simulateurs électroniques de manoeuvres.
Les pilotes du Havre, de Marseille et bientôt de Dunkerque disposent de ce nouvel outil qui va sans doute se généraliser, dans les prochaines années, à tous les ports. Enfin, pour sa prochaine réunion prévue en mars à Nice, la Fédération nationale des pilotes planchera sur leur partenariat avec les Centres Régionaux Opérationnels de Surveillance et de Sauvetage (CROSS). « Sous forme de conseils ou d'intervention à bord de leurs vedettes ou hélicoptères, les pilotes maritimes sont sollicités par les Cross. Ils participeraient environ à une cinquantaine de sauvetages par an. Pour l'instant, tout se fait de façon informelle. Pour des questions notamment de responsabilité, on souhaiterait donc formaliser ce partenariat sous forme de conventions », précise Frédéric Moncany de Saint-Aignan.