À la fin septembre, les chiffres indiquaient une légère baisse de 3 % des trafics globaux, soit une perte de 200 000 t par rapport à 2008. Les prévisions d'ici à la fin de l'année tablent sur un trafic global de 8,8 Mt. « Ce sera la 2ème meilleure année depuis 2002, après 2008 où nous avons réalisé près de 9 Mt. C'est donc moins bien que l'an dernier, mais compte tenu du contexte économique, ce n'est pas si mal », analyse Julien Bas, directeur d'exploitation au GPMB.
Résultant tout de même d'une baisse de la consommation dans l'hinterland et de la crise notamment dans le secteur de la construction, les importations, à fin septembre 2009, atteignaient les 4,8 Mt, soit une diminution de 5,8 %. Les vracs solides ont été les plus déstabilisés avec des chutes de 13 % des bois du Nord, 18 % des tourteaux de soja, 42 % des huiles, 35 % des engrais manufacturés, 15 % de granulats, 100 % de ciment... Au total, l'activité manutentionnée a ainsi été réduite de près de 15 %. « la crise, on l'a également perçue à travers les réductions d'imports de butadiène et de charbon de la part de l'entreprise Michelin, qui a du procédé durant l'année à de fréquents arrêts techniques. On voit que les grands industriels, même s'ils restent solides, souffrent ».
Cependant, le port de Bordeaux tire son épingle du jeu pour ce cru 2009. Les produits raffinés, qui représentent près de la moitié du trafic du port, se sont maintenus. Les exportations affichent une progression de 6,7 % à 1,6 Mt à fin septembre, grâce, notamment, aux sorties exceptionnelles de bois de tempête qui ont boosté le trafic conteneur de 45 %. « D'ici à la fin de l'année, on devrait connaître un trafic de 75 000 EVP pleins et vides, soit beaucoup plus que notre record historique de 65 000 EVP atteints en 2007 », souligne Laurence Bouchardie, chargée du trafic conteneur au GPMB. À fin septembre 2009, CMA CGM avoisine ainsi les 39 000 EVP contre 21 000 en 2008. Durant l'été, l'opérateur a même doublé son escale hebdomadaire à Bassens, avec un feeder vers Le Havre et un autre vers Anvers. « Malgré les difficultés financières de CMA CGM, cette deuxième escale est maintenue, mais n'est programmée désormais que tous les 15 jours », précise Laurence Bouchardie. L'autre opérateur en place, MSC, oeuvrant sur le Verdon, enregistre, lui, une progression de 17 %. « Les sorties de bois de tempête expliquent ces chiffres, cependant, le trafic conteneur habituel, contrairement à d'autres ports, n'a pas été trop marqué par la crise, les trafics bordelais étant divers et moins volatile ».
Les céréales en perte de vitesse
À fin septembre 2009, les sorties de céréales, second trafic du port après le pétrole, constituaient un volume de plus de 700 000 t, soit une légère régression de 10 % par rapport à 2008. Depuis près de 3 ans, les trafics s'avèrent donc relativement stables et Bordeaux continue par ailleurs d'occuper le rang de 1er port européen exportateur de maïs. Pourtant la tendance de fond est bel et bien au fléchissement. Il faut en effet se rappeler qu'au début des années 2000, les sorties de céréales pesaient le double, soit 2 Mt. La modification des systèmes de production agricoles, incitant à la réduction des arrosages et incidemment des surfaces cultivées, expliquent en partie ce phénomène. Une demande forte de l'Espagne a favorisé de plus les transports routiers au détriment du maritime. Enfin, l'usine de bioéthanol, Abengoa Bioenergy France, basée à Lacq dans les Pyrénées-Atlantiques, consomme désormais près de 10 % du tonnage maïs réalisé en Aquitaine. Autant de facteurs qui ont amené ces dernières années, les opérateurs portuaires (Invivo, SPBL) à s'associer et à mutualiser leurs outils, voire à diversifier leurs marchandises (engrais, copeaux de bois...).