La bataille de la « comm » semble perdue. Le 29 octobre, à 9 h 25, une dépêche Bloomberg explique que selon trois sources proches du dossier, les créanciers de CMA CGM dont BNP Paribas, posent en préalable à une restructuration de la dette, le changement de la direction générale de la compagnie marseillaise ; Jacques Saadé risquant de devenir un président non-opérationnel. Personne ne veut commenter, précise la dépêche : ni BNP, ni CMA CGM, pas plus que Natixis, la Société générale ou même que la Banque de Corée pour le commerce extérieur (qui risque de se retrouver, comme avec USL, il y a plus de 20 ans, avec des navires impayés ; NDLR JMM).
À 14 h 43, la même dépêche est modifiée car Jacques Saadé a envoyé un courriel à Bloomberg selon lequel CMA CGM « a besoin de l'expertise de toute son équipe de direction » pour se remettre sur pied. « Je ne peux pas imaginer qu'un seul de nos partenaires financiers tente de profiter de la situation », alors que la société espère revenir à l'équilibre dans les « prochains mois ».
À défaut de pouvoir s'entendre avec Vincent Bolloré sur une éventuelle cession de Delmas ou de certains terminaux portuaires africains, Jacques Saadé pourra toujours lui demander les souvenirs qu'il a gardés des années 1993-1994. Dans cette époque particulièrement incertaine, Bernard Esambert (président du comité stratégique d'Albatros Investissement), André Ferras (à la tête de la division Transport) et Jean-Paul Parayre (président de Bolloré Technologies) sont nommés en toute indépendance pour tenter de redresser le groupe, lourdement endetté, et d'apaiser les craintes des banques.
Toujours est-il que selon le communiqué de CMA CGM du 25 septembre, le comité de pilotage « composé de banques et d'institutions financières françaises et internationales dont certains acteurs asiatiques et sud-coréens » doit d'ici à la mi-novembre, trouver les voies et moyens d'assurer les besoins de financement du groupe et d'assurer son développement pérenne.