Les assureurs doivent relever les défis de la crise

Article réservé aux abonnés

«Quand les armateurs perdent de l'argent nous, les assureurs, nous pleurons. Quand ils en gagnent nous les regardons avec le coeur brisé et nous perdons de l'argent », a indiqué Andrea Cupido, responsable de la société Generali et membre du comité assurances corps de Iumi. Le président du comité, Peter Mcintosh, a rappelé les précédentes conclusions de ce comité. En 2006, à Tokyo, les assureurs corps ont constaté être à la traîne des résultats des autres secteurs de l'assurance maritime. Ils n'arrivaient pas à l'équilibre financier. En 2007, à Copenhague, la sinistralité des huit premiers mois les a amené à tabler sur la « pire année depuis 2000 ». En 2008, à Vancouver, si les taux commencent à progresser, la croissance de la flotte s'accompagne d'une augmentation du nombre de sinistres et de la valeur d'un dommage. « Douze ans de déséquilibre économique dans la souscription corps. Est-ce fini ? Assurément pas », a répondu le président du Comité pour résumer l'année 2008.

Le nombre de navires mis à l'ancre depuis le début de l'année n'a cessé de croître. Selon Andrea Cupido, 3 % de la flotte mondiale est en arrêt. « Les assureurs demandent des garanties pour continuer à maintenir des garanties pour ces navires. Nous souhaitons qu'un équipage minimum soit maintenu à bord et que des opérations de maintenance soient prévues. » Pour Martin Stopford, directeur général de Clarkson Research Service, l'âge des navires à l'ancre excède 20 ans pour 80 % des vraquiers. « Il est plus facile de mettre à l'ancre des vieux navires pour affréter des unités neuves et d'attendre la remontée du prix de la ferraille pour les envoyer à la casse », a expliqué Martin Stopford. Un des points essentiels de cette nouvelle situation économique tient à la valorisation des navires. Quand il est à l'ancre, il ne vaut que par sa capacité à pouvoir être réactivé dans les 24 heures, a souligné un intervenant. Pour les banquiers, la valeur d'un navire nécessite une mise à jour régulière. « Trimestriellement, nous évaluons avec les courtiers le prix des navires. Annuellement, nous le faisons avec un intervenant extérieur et nous révisons le prix selon nos propres méthodes », a indiqué Peter Mellet, banquier. Deux ans plus tôt, les armateurs se voyaient courtiser par les banques pour se voir prêter de l'argent. Avec la crise économique, les rôles ont changé. Désormais, les armateurs souhaitent renégocier les contrats. « Nous ne sommes pas des opportunistes », a insisté Paul Mellet. Il a appelé à une plus grande coordination entre les institutions financières et les assureurs. « Les assureurs ne doivent pas pousser en faveur d'une sous évaluation des valeurs assurées. » Prenant en exemple le cas d'un navire dont la valeur réelle est de 60M$. Sa valeur assurée devrait être, selon Peter Mellet, de 72 M$, soit 120 % de sa valeur. La valeur du marché de ce navire est estimée à 62 M$. L'assureur propose une valeur assurée de 65M$ quand l'assuré demande une valeur de 80 M$. Selon le banquier, la valeur assurée à prendre en compte sera de 65 M$. Cette voie médiane entre la valeur du navire et la valeur assurée doit se faire en prenant en compte les intérêts des parties : l'armateur, l'assureur et les institutions financières. Une valeur sous- estimée a toujours pour effet d'exercer une pression financière sur les armateurs qui pourront faire l'impasse sur la maintenance du navire.

Cette interaction entre les trois parties ne semble cependant pas jouer en faveur des compagnies d'assurance. L'augmentation de la valeur des navires depuis 2005 a atteint 40 %, selon les chiffres donnés par Andrea Cupido de Generali. Dans le même temps, les primes d'assurance ont augmenté de 20 %. « Nous ne poussons pas à l'augmentation inconsidérée des valeurs d'assurance, mais nous avons besoin des primes. »

Autre élément inquiétant pour les assureurs corps de navires, l'augmentation importante de la fréquence des sinistres. Depuis le début de 2008, le nombre de sinistres par trimestre ne cesse de croître. « En 2008, nous avons enregistré des pertes. En 2009, l'année ne sera pas meilleure », a conclu Andrea Cupido. Au premier trimestre 2008, quelque 90 sinistres étaient déclarés par trimestre. En 2009, ce chiffre s'élève à 160 sinistres pour trois mois. Une tendance qui pourrait s'expliquer en corrélation avec la valeur estimée du navire. Plus cette valeur est basse, plus les propriétaires tendent à rechercher la perte totale. Dans un marché de progression, avec une valeur en hausse du navire, il est plus rentable de continuer à l'exploiter même si des travaux de maintenance et de réparation sont à faire. Toute la difficulté de l'exercice en période de crise est de trouver un bon compromis avec l'armateur pour qu'il puisse conserver un prix convenable de son navire sans que cela n'intervienne sur les finances des autres parties au contrat.

Dossier

Archives

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15