En 2008, les assureurs maritimes mondiaux ont collecté 22,9 Md$ de primes. Un chiffre en perte de 3,6 %. Dans ce marché, les facultés représentent encore la majorité des primes avec 55,8 %. Les corps viennent ensuite avec 27,5 %, puis l'offshore et l'énergie (10,5 %) et enfin, les assurances responsabilité civile avec 6,2 %. 2008 a été une année de baisse par rapport à 2007 mais reste malgré tout au-dessus des résultats atteints en 2006. « L'année passée a été un palier sur la dernière décennie », a expliqué Astrid Stelmann, vice-président du comité sur les chiffres de Iumi. Depuis 2000, le marché de l'assurance maritime a enregistré une progression de son volume jusqu'en 2004, au cours de laquelle elle a enregistré une diminution. De 2005 à 2007, ce secteur a repris une courbe de croissance pour finalement connaître un second palier l'an passé. Au global, entre 2004 et 2008, le marché de l'assurance maritime a connu une croissance moyenne de 6,5 % par an.
L'analyse détaillée de ce marché montre une bonne tenue des primes pour les corps de navires avec une hausse de 2,4 %. Tous les autres types d'assurance affichent pou leur part, une baisse avec un record pour l'offshore et l'énergie qui perd 19,4 %. Les facultés limitent les dégâts avec une diminution de 2,3 % alors que les assurances responsabilité civile s'affaissent de 8,1 %. L'Europe reste malgré tout le premier marché mondial de l'assurance maritime avec 60 % de parts de marché, contre 23 % pour l'Asie et 11 % pour l'Amérique du Nord.
Les assurances corps de navires, qui ont représenté un volume de 6,1 Md$ en 2008, sont le seul secteur du marché maritime à avoir augmenter au cours de l'année passé. Une tendance qui peut s'expliquer par l'augmentation du nombre de navires au cours des derniers mois. Le nombre de navires ne cesse de croître.
La valeur d'assurance des corps diminue
Selon Cédric Charpentier, président du comité chiffres de Iumi et responsable de la souscription chez Axa Corporate Solutions, la situation est paradoxale. Si le nombre de navires devrait progresser de 30 % en 2009, les armateurs prévoient aussi une augmentation importante du nombre de navires envoyés à la casse. Quelque 200 % de tonnage supplémentaires seraient retirés de la flotte mondiale. Cela suffira-t-il pour retrouver un équilibre entre l'offre et la demande. Les carnets de commande des chantiers ne semblent pas encourageants. Cédric Charpentier a rappelé qu'en avril 2009, ces carnets de commande prévoient l'entrée en service de 566,7 M tpl pour les prochaines années. Alors quand les estimations ne tablent que sur des croissances minimes des échanges mondiaux, la surcapacité est bien réelle. Pour les assureurs, ces chiffres donnent des indications. En premier lieu sur la valeur des navires. L'arrivée des navires sur le marché a pour effet de diminuer la valeur d'assurances de ces unités. « Y aura-t-il un effet sur les primes d'assurance ? », s'interroge Astrid Stelmann. Depuis le dernier trimestre 2008, le ratio valeur d'assurance au renouvellement sur la valeur d'assurance de l'année précédente accuse un repli. Il est de 78 % au 30 juin. Pour Dieter Berg, de Munich Re, les effets négatifs sur les assurances corps pourraient provenir de plusieurs facteurs : les sinistres après la mise à l'ancre des navires, l'utilisation des navires comme centre de stockage, les pertes financières des compagnies maritimes et les pertes d'exploitation. Il reste que la surcapacité a eu raison de la valeur des navires. Selon les index publiés par Clarcksons, les pétroliers et vraquiers ont perdu quelque 67 % de leur valeur depuis 2005. Ainsi, l'effet sur les primes d'assurances, calculées selon la valeur du navire, sera inéluctable. Comme tout événement a aussi des effets positifs, les assureurs voient dans cette période de crise et de mise à l'ancre des navires, la possibilité pour les armateurs d'entreprendre des travaux de maintenance, les chantiers spécialisés dans ces travaux disposant de plus de temps.
Les facultés : une réduction dramatique
La situation sur le marché des facultés ressemble à celui des corps de navires. Avec un volume de primes de 12,4 Md$, le secteur des facultés accuse un repli en 2008. Les primes restent cependant en hausse de 13,6 % par rapport à 2006. La première raison de ce recul tient évidemment à la récession économique. La baisse des échanges internationaux a pour effet de réduire le nombre de marchandises couvertes. Ainsi, les primes sont moins nombreuses. Si, ajouté à cette baisse, les marchandises échangées voient leur valeur diminuer, les primes d'assurance vont alors s'afficher en réduction.
Selon Astrid Stelmann, cette « baisse dramatique de la valeur des facultés devrait avoir des répercussions sur les revenus. La question se pose alors de savoir si les sinistres des facultés seront aussi en diminution. » La réponse est nuancée. « La baisse proportionnelle n'est pas sûre parce qu'elle doit prendre en compte des éléments extérieurs comme par exemple la hausse du nombre de vols. » Et la conclusion à tirer de ce constat est que si 2008 a réussi à finir sur un point d'équilibre, de nombreuses incertitudes demeurent pour 2009.
Pour retrouver la croissance, les assureurs estiment qu'il faudrait revenir à des taux de croissance de 10 % des échanges mondiaux. Selon les prévisions les plus optimistes, ce niveau ne serait pas atteint avant 2014.
Offshore et énergie : -19,4 %
Dernier secteur majeur du marché de l'assurance maritime, l'offshore et l'énergie qui affiche une perte de 19,4 % en 2008. Ce marché de l'assurance maritime est extrêmement volatile, a expliqué Astrid Stelmann. Il dépend pour une grande partie de la saison des cyclones. Il se passe généralement une longue période entre la survenance du sinistre et le règlement en raison des difficultés techniques à estimer les dégâts. Le marché distingue donc les sinistres liés à d'autres causes que les éléments naturels. Selon les derniers chiffres de Iumi, la fréquence des dommages est en régression alors que le coût moyen par dossier augmente. En 1999, l'accidentologie de ce secteur exprimé en sinistre sur le nombre d'installations en opération était de 6,3 %. Il est de 2,7 % sur les trois dernières années. À l'inverse, les dossiers ouverts par incidents ont fortement augmenté passant de 8,2M$ en moyenne en 2002 à 14,6M$ en 2008. Une augmentation de 10 % par an.
Si le volume des primes est actuellement en récession, cette situation pourrait être passagère. Selon les chiffres publiés par Iumi, le nombre de plates-formes ne cesse de croître ces dernières années. Le marché constate une augmentation de 4 % du nombre d'unités au 31 juillet, soit, depuis 2005, une progression de 11 %. Actuellement, quelque 609 plates-formes sont opérationnelles dans le Monde. Un élément particulier est à prendre en compte. La progression dans le Monde ne concerne pas le Golfe du Mexique.
Contrairement aux autres zones géographiques, le nombre de plates-formes dans la région est en diminution. Il n'y a que 112 installations en 2008 contre 122 en 2002, soit une diminution de 43 %. Les carnets de commande sont aussi remplis. Ils sont à leur plus haut niveau depuis le boom des années 80, indique Iumi. Ce sont 188 installations qui devraient arriver sur le marché d'ici à 2013, soit 38 installations par an en moyenne sur les prochaines années. À titre de comparaison, sur la décennie 1997-2007, le marché a reçu en moyenne 13 plateformes par an. Une augmentation du nombre des installations qui s'est traduite aussi par la croissance du taux de fret journalier. Dans le golfe du Mexique, ce taux a augmenté de 359 % à 249 221 $ de 2004 à 2009. Dans les autres zones géographiques du Globe, la progression, sur la même période, est de 209 % à 214 017 $.