«Une des graves erreurs que nous avons commise est la quête à la part de marché dans un marché qui baisse », a déclaré CL Ting, directeur général pour l'Asie de la compagnie OOCL lors de la 2ème journée de la Trans Pacific Maritime Asia Conference organisée à Shenzhen. « En cas de chute de la demande, contrairement à d'autres secteurs d'activité, le transport maritime de marchandises est à un jeu à somme nulle. Dans l'hôtellerie ou le transport aérien, il suffit de baisser ses prix pour générer de nouveaux clients. Mais quand les taux de fret maritime baissent, cela ne génère aucune demande supplémentaire susceptible de remplir les navires. En se battant pour des parts de marché alors que la demande est en baisse, certaines compagnies telles que Mærsk, MSC ou Evergreen ont favorisé un phénomène bien connu qui est l'effondrement des taux », a précisé CL Ting (diplômé en économie de l'Université catholique belge de Louvain).
Le redressement de la situation n'est pas pour demain, selon le représentant d'OOCL et ce pour deux raisons principales : l'indice de la consommation s'est effondré en un an d'une part ; et le chômage d'autre part.
Aux États-Unis, le chômage pointe vers les 10 %. Quand le consommateur n'a plus d'argent à dépenser et que le chômage rode, le transporteur maritime ne peut espérer un rebond. Même avec une croissance de 2 % espérée en 2010, contre une chute de 12 % à 15 % en 2009, la situation ne s'améliorera pas car le déséquilibre entre l'offre de transport conteneurisé et la demande est estimé par OOCL entre 16 et 20 %. « Il faudra entre quatre et cinq ans pour absorber la surcapacité », a pronostiqué CL Ting. Ce qui est en ligne avec les estimations de Maersk explicitées le 19 octobre (JMM du 23/10 ; p. 9). (Comme souvent en période de crise) le représentant d'OOCL a appelé à un plus grand dialogue entre les chargeurs et les transporteurs maritimes dont beaucoup doivent faire face à de graves difficultés financières : « Nous avons besoin de réduire la volatilité car une chaîne d'approvisionnement repose principalement sur la prédictibilité ».
La solidarité est aussi une question de moyens et il n'est pas certain que les chargeurs puissent, actuellement, se permettre ce luxe.
Michel Neumeister