Si les conteneurs sont toujours pleins dans le sens Asie / Europe, ils profitent de toutes les opportunités dans le sens Europe/ Asie. Deux produits agricoles, l'orge de brasserie et le malt, sont devenus des clients assez réguliers de la conteneurisation sur cet axe. En ce qui concerne le malt, les tonnages expédiés en Asie concernent essentiellement le Japon. Sur cette destination, les volumes sont très largement conteneurisés. D'après les dernières statistiques de FranceAgriMer, les exportations de malt de France vers le Japon ont totalisé au cours de la dernière campagne 2008/2009 un volume d'un peu plus de 60 000 t. C'est pour cette campagne la première destination du malt en tonnage sur pays tiers (le Japon est suivi du Vénézuela et du Brésil, destinations qui sont couvertes par des exportations en vrac).
L'orge de brasserie pour sa part, bénéficie d'un important marché en Chine. Lors de la récente campagne céréalière (2008/2009), la Chine s'est placée au premier rang des exportations d'orge sur pays tiers avec près de 250 000 t. Si les sorties demeurent encore assez largement réalisées en vrac, la conteneurisation s'est installée et progresse régulièrement.
M. Li, représentant de France Export Céréales à Beijing, expliquait lors d'un passage à Rouen avant l'été, que l'orge française « a un taux d'extraction meilleur que les autres origines ». De plus, du fait de la météo, l'orge française présente une très bonne régularité d'approvisionnement. Un autre avantage était également mis en avant : sa conteneurisation. Cette dernière répond en effet aux besoins des malteurs chinois. André Laude, directeur général du groupe Senalia, explique que la conteneurisation « permet de réaliser des lots moins importants et répondre à des demandes de qualités d'orge différentes. Pour les chinois, ce conditionnement leur permet en outre de moduler leurs achats ».
La mise en conteneurs d'orge de brasserie à destination de la Chine fait appel à un système de poche mise en place à l'intérieur de conteneurs de 20 pieds. Les premiers conteneurs ont été expédiés vers la Chine il y à quatre ans maintenant. Aujourd'hui, ce système est pratiqué par le groupe Senalia à Rouen ainsi que depuis le silo de Limay de l'UCAYC (Union des coopératives Agralis-Sévépi). Sur ce site séquanien, a été implanté un poste de chargement de conteneurs, ouvrant ainsi la voie à la réalisation d'expédition d'orge conteneurisée. « Les taux de fret pratiqués en sortie d'Europe vers l'Asie rendent la conteneurisation très compétitive par rapport au vrac et l'arrivée de l'opérateur du terminal à conteneurs du port de Limay conforte la pertinence de l'investissement d'UCAYC, souligne le Port autonome de Paris. Les objectifs de trafic sont de l'ordre de 35 000 t annuelles, soit 1 800 EVP acheminés par barge fluviale jusqu'au Grand port maritime du Havre par transfert sur navire maritime et expédition vers la Chine ». Pour les expéditions réalisées depuis Rouen, le transfert se fait de la même manière, montrant la complémentarité entre les deux grands ports maritimes de la Basse-Seine.
Les bois de tempête prennent la mer
Un autre exemple de conteneurisation est fourni par l'expédition des bois de tempête. Fin janvier 2009, la tempête Klaus a ravagé la forêt d'Aquitaine, mettant à terre près de 40 M m3 de bois. Plusieurs marchés se sont manifestés pour l'acquisition de ces « bois de tempête », en particulier des chinois. Aussi, les portuaires bordelais ont pris toutes les dispositions pour répondre à cette demande. Sur cette longue distance, la conteneurisation a trouvé sa place. Les empotages sont réalisés soit au port, où le GPMB (Grand port maritime de Bordeaux) a mis à la disposition des professionnels les surfaces nécessaires pour les opérations de chargement des conteneurs, soit directement sur place au sein des massifs touchés.
Les première boîtes, acheminées par CMA CGM et MSC, ont quitté le port aquitain à la mi-mars.
« Ainsi, entre le 15 mars et la fin du mois d'août, plus de 8 500 EVP de bois ont transité par les installations portuaires bordelaises, un flux représentant près de 130 000 t, auquel il faut ajouter les indispensables réceptions de conteneurs vides », explique le GPMB.
Enfin, on peut également mentionner un type de trafic, déjà ancien, mais qui se développe régulièrement sur ces destinations, les papiers et cartons de récupération. Selon les statistiques du Ministère de l'Économie et des Finances reprises par la Copacel, le volume de ces papiers et cartons récupérés s'est élevé à un peu plus de 450 000 t l'an passé pour les destinations asiatiques, près de deux fois les volumes traités en 2004 (240 000 t). Avec 21,5 % du total des produits papetiers récupérés, l'Asie occupe, et de très loin, la première position pour les destinations de ce type de produits hors Union Européenne.