Le port du Havre est à la pointe de la haute technologie appliquée aux mastodontes que sont les portiques ! Dans le cadre du programme européen de recherches Securcane, qui permet d'obtenir des aides financières pouvant atteindre 50 %, le Grand port maritime et plusieurs partenaires privés sont engagés dans une démarche d'innovation technique. Le but : améliorer la sécurité et les conditions de travail des portiqueurs.
L'ambition est légitime. Mais elle passe par un bouleversement dans les méthodes de travail. Car dans le projet havrais, qui a atteint aujourd'hui le stade de l'expérimentation, c'est la physionomie même du portique qui change : la cabine n'est plus perchée à 40 m de hauteur, avançant et reculant à chaque mouvement de chargement et déchargement de conteneurs, mais elle est installée sur le quai, au pied du portique ! Une révolution rendue possible grâce aux nouvelles technologies.
Le démonstrateur, installé au Havre sur un portique réformé du quai de l'Europe, est doté d'une cabine identique aux précédentes. À une différence près : le portiqueur, s'il dispose des mêmes commandes manuelles que là-haut, suit désormais les manoeuvres devant trois écrans de haute performance. « Un écran tridimensionnel permet de mieux appréhender les distances, un écran vidéo guide le portiqueur et un troisième permet de contrôler l'ensemble de la manoeuvre », souligne Bachir Boukarri, de la société ECA qui a mis au point une partie de ces innovations, en partenariat avec les Italiens de Sciroida et Bortolotti. Les premiers travaillent sur l'image, les seconds sur les oscillations. Estimé à 4 M¤, le démonstrateur havrais ouvre la voie à une ère nouvelle. « Nous sommes à la veille d'une évolution majeure », a déclaré l'ancien directeur de l'outillage du GPMH, Jean-Yves Le Ven, désormais nouveau directeur du Centre d'études techniques maritimes et fluviales (Cetmef), à Compiègne. Seulement, pour passer de la phase de démonstrateur à celle de prototype, puis d'industrialisation, le nouveau système devra franchir deux étapes-clé : l'acceptation par le personnel, qui devra recevoir une formation ad hoc, et la performance en termes de productivité.
St. S.