La sidérurgie francilienne met sa chaîne logistique en Seine

Article réservé aux abonnés

La sidérurgie a été parmi les premiers secteurs économiques touchés par la crise. Intervenant pour la construction automobile et le BTP, cette filière a été au première loge du tsunami économique qui a frappé l'économie européenne. Sidérurgie, automobile et BTP forment les principaux vecteurs de transport fluvial sur la Seine. Alors, sur les six premiers mois de l'année, les trafics affichent des baisses. Au total, des 300 000 t de trafic réalisées sur le premier semestre, les chiffres accusent un repli. « Une tendance conjoncturelle, explique Yves Morin, directeur au Port autonome de Paris. Sur le long terme, les trafics liés à la sidérurgie sont en croissance. »

La sidérurgie dans le bassin de la Seine concerne uniquement des aciéries électriques. Alimentées par de la ferraille, ces usines produisent principalement des fils machines, des ronds à béton, des barres et des profilés. Trois aciéries assurent ce trafic. Elles appartiennent toutes au groupe italien Riva, un sidérurgiste qui se place dans les dix premiers mondiaux. En Ile de France, le groupe Riva est présent à côté du port de Limay, à Gargenville, à Bonnières et à Montereau. L'alimentation de ces usines se fait surtout par fluvial.

Ainsi, à l'amont de la chaîne logistique des produits sidérurgiques, le Port autonome de Paris réalise un trafic d'environ 150 000 t de ferrailles. Un courant qui accuse une baisse de 2 % par rapport à l'année dernière. « Une diminution moins forte sur cette partie de la chaîne logistique, indique Agathe Sobzack, chargée d'affaires sidérurgie et automobile. De nombreuses sociétés de recyclage se sont installées en bordure du fleuve au cours de ces dernières années. Nous récoltons aujourd'hui les fruits de cette stratégie. » Des 150 000 t transportées par voie fluviale dans la région, 90 000 t sont destinées aux trafics entre les centres de collecte et les aciéries. 60 000 t sont pour leur part expédiés à l'exportation avec un transbordement maritime.

150 000 t de ferrailles

Les recycleurs de produits ferreux et non ferreux ont suivi le mouvement en se rapprochant aussi du fleuve pour approvisionner les aciéries. « Avec la hausse considérable des prix de la ferraille au cours des dernières années, le secteur du recyclage de la ferraille a connu de nombreuses mutations. Des sociétés se sont rapprochées et ont fusionné. Ceux qui ont maintenu une gestion saine de leurs actifs sont en capacité de survivre », continue Yves Morin. Dans un souci de massification pour l'approvisionnement des usines, les recycleurs ont chois le fluvial. Ainsi, Recylux s'est installé à Gennevilliers et Bonneuil, Derichebourg s'est installé sur la voie d'eau en prenant position sur des quais publics. L'entreprise est entrée dans une véritable logique de stratégie transport tournée vers le fluvial. En s'installant en bordure de voie d'eau, les recycleurs s'ouvrent aussi de nouveaux marchés avec notamment l'exportation. En marge de ce marché des produits ferreux, les sociétés de recyclage visent aussi le marché des DEEE (déchets électriques et électroniques). Des produits qui peuvent alimenter le aciéries, en partie. Le marché de ces produits étant actuellement en plein essor, les espaces portuaires leur permette de disposer de surfaces pour procéder au tri des différents produits à récupérer.

À l'aval de la chaîne logistique, une fois les produits sidérurgiques finis ou semis finis réalisés, le fluvial a aussi réussi à s'imposer. Cette portion de la chaîne logistique est à l'importation ou à l'exportation. L'industrie automobile et les manufacturiers de produits électroménagers régionaux importent une partie de ses bobines d'acier par voie fluviale. À l'inverse, les produits en sortie des aciéries franciliennes partent souvent par la Seine. Le trafic réalisé par le Port autonome de Paris pour les produits sidérurgiques finis ou semis finis est estimé à 156 000 t. « Un courant qui a chuté sur le premier semestre de l'année », rappelle Agathe Sobzack. Une diminution estimée aux environs de 25 % qui tient principalement aux difficultés économiques des clients de la sidérurgie, l'automobile et le BTP. De plus, une partie de la production francilienne était aussi destiné à l'industrie espagnole. La Péninsule ibérique a été une des économies les plus largement touché par la crise économique. Les exportations des aciéries franciliennes sur cette région européenne ont donc largement diminué, voire se sont divisées par trois sur les derniers mois. Les produits sidérurgiques arrivent aussi par voie fluviale. En effet, la société Corus dispose d'un centre d'éclatement de ses produits en Belgique. Ils sont ensuite acheminés par voie fluviale sur la région parisienne. « Nous remarquons un attrait pour le fleuve », constate Yves Morin. Le principal client sidérurgiste du Port autonome de Paris, le groupe italien Riva a montré ses préférences pour le fleuve plutôt que le ferroviaire. Cependant, ce dernier mode n'est pas pour autant délaissé par cette filière. Les sidérurgistes demandent toujours que leurs entrepôts soient bord à quai avec un branchement sur le réseau ferroviaire national.

Proposer des bâtiments équipés

Si la filière sidérurgique subit, ces derniers mois, un ralentissement de son activité, elle demeure parmi les premiers courants de trafic du port. « Il s'agit d'une activité traditionnelle de notre établissement. Il y a quelque de temps, nous avions observé un creux dans les trafics liés à ce secteur. Depuis peu, nous constatons un rebond lié notamment au développement de la récupération. Face à cette croissance, le Port autonome de Paris met en place une nouvelle organisation de ses espaces afin d'offrir à ces clients des places tout en permettant aux autres clients de conserver leur position », souligne le directeur du port. Le port dispose en effet de certains équipements. Ainsi, à Gennevilliers, l'entrepôt F3 est équipé d'un pont roulant. Un outil qui séduit les opérateurs. Sur le port de Bruyère, le port possède trois entrepôts avec des ponts roulants. Situés en léger retrait par rapport à l'Oise, ils intéressent malgré tout les industriels qui veulent privilégier une proximité du fleuve. À l'heure actuelle, les locataires de ces bâtiments ne réalisent pas de trafics fluviaux mais étudient les possibilités. L'implantation récente de Corus à Évry est symptomatique du virage de cette filière vers les modes de transports alternatifs. Le choix de cet industriel pour Évry s'est fait pour son équipement de manutention fluvial mais aussi avec un embranchement ferroviaire. Disposer d'équipements pour les sidérurgistes qui reçoivent ou expédient des produits finis ou semis finis n'est pas la seule équation à résoudre pour le port. La filière de récupération des métaux demande aussi de la place. Sur le port de Bonneuil sur Marne, l'autorité portuaire réorganise les clients pour permettre à chacun de disposer d'un accès fluvial et d'un espace suffisant pour réaliser ses activités industrielles.

Hervé Deiss

Dossier

Archives

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15