Le rapprochement entre la Société Nationale Corse Méditerranée (SNCM) et la Compagnie Méridionale de Navigation (CMN) est encore plus important que prévu. Le groupe Véolia qui pilote le premier armement est bien décidé à vendre ses parts (45%) dans la CMN à Stef-TFE, le spécialiste de la logistique du froid étant l'actionnaire de référence du second. Le prix de cette cession est estimé par les observateurs entre 40M¤ et 45 M¤ ; ce serait bien la première fois en un quart de siècle que l'ex-compagnie publique tirerait un profit de sa présence dans le capital de « son compagnon de route ». La transaction a été actée lors du dernier Conseil de surveillance de la SNCM. Cette mise au clair capitalistique s'accompagne d'un accord pour une coopération commerciale et technique renforcée sur les autoroutes de la mer, piste de développement pour les deux armements spécialisés dans la desserte de la Corse. « On peut penser, à des liaisons maritimes au départ de Marseille et Toulon en direction de l'Italie et de l'Espagne, via la Corse », a été l'unique précision apportée à la presse Gérard Couturier, président de la SNCM.
Curieusement, alors que depuis toujours la participation de la SNCM dans la CMN était jugée par tous comme « un actif stratégique », c'est la deuxième information qui a mis le feu aux poudres du Syndicat des travailleurs corses (STC) des deux armements marseillais qui, avec la CFDT et la CFTC de la SNCM, a déposé un préavis de grève illimitée à partir du 8 octobre.
Le STC distingue dans le projet commun d'autoroutes de la mer « une restructuration annoncée de l'entreprise et plus particulièrement la création d'une compagnie concurrente par la maison-mère, nous laisse à penser que nos emplois, tant au niveau des sédentaires et des marins, encourent des risques ». La réponse des directions effectuée par Gérard Couturier n'a pas effacé les inquiétudes. « L'ensemble de la flotte (SNCM/CMN) est déjà affecté à la continuité territoriale entre les ports de Corse et celui de Marseille », a t-il fait d'abord remarquer. Ce dernier s'est engagé « à affecter prioritairement des personnels navigants et sédentaires des deux compagnies » dans la future filiale commune et « que les conditions de leur emploi dans cette nouvelle structure seront étudiées et présentées aux organisations syndicales dans le but de parvenir à un accord ».
Robert Villena