La manutention sur le port de Rochefort n'est plus représentée que par une seule entreprise, l'AMR Alliance. Cette société est née de la fusion entre l'AMR (Agence maritime rochelaise) et Alliance. Le capital se partage entre SDV pour 66 % et Maritime Kuhn pour le reste. Il y a 15 ans, quatre entreprises se partageaient le marché de la manutention, du transit et de la consignation. À Tonnay-Charente, l'AMR n'intervient que sur les importations de charbon. La Sica Atlantique charge elle-même ses grains avec son portique, tandis que la Saca décharge son sable par un tuyau.
« 2009 a été l'année la plus difficile de ma carrière, explique Christian Kempf, directeur de l'AMR Alliance. 2008 se déroulait bien et, à partir de septembre tout s'est arrêté. Tous les produits ont été concernés par ce coup de frein et nous en travaillons une trentaine. Heureusement, depuis le mois de juillet les choses ont recommencé à bouger. La réouverture de Timac, fin juillet, a provoqué le redémarrage des entrées d'engrais. » Le port a donc repris les approvisionnements en phosphate, acide et chlorure de potasse. En même temps, les entrées de bois sont reparties, de même que les aliments du bétail et la ferraille, grâce à des cours à la hausse. Mais d'autres trafics ne vont pas reprendre, pour le moment. C'est le cas des laitiers, des clinkers et de la fluorine qui alimentaient l'usine Calcia : « Ils ont trouvé d'autres sources d'approvisionnement, indique Christian Kempf. Le clinker venait de Dunkerque. Mais Arcelor a fermé ses hauts fourneaux et tant qu'ils ne réouvriront pas, il n'y aura plus de clinker à transporter. »
Le responsable de l'AMR continue inlassablement à chercher de nouveaux trafics. 10 000 t de sel de déneigement devraient transiter bientôt par Rochefort en provenance du Maroc. Une société charentaise doit bientôt exporter des aliments pour poissons, un trafic de 5 000 t attendu. Des navires d'engrais qui déchargeaient à La Rochelle ou à Bordeaux vont désormais passer par Rochefort grâce à des prix attractifs. Christian Kempf travaille aussi sur un trafic de vieux papiers et de cartons à l'export, des produits destinés au recyclage. L'AMR a fait des propositions pour le transport des chablis des Landes. Mais les prix de vente du bois sont trop bas, et les sylviculteurs préfèrent les garder en stock en attendant que le marché soit meilleur.
« Tous ses petits trafics sont longs à obtenir. Pour le sel, il a fallu deux ans avant d'aboutir, constate Christian Kempf. Mais le dernier trimestre 2009 va être bon et permettra de stabiliser les résultats et de contrôler le déficit. » L'agence emploie 30 personnes. Trois départs n'ont pas été remplacés et l'entreprise a signé une convention d'activité partielle avec l'État, ce qui permet au personnel de rester chez lui le tiers du temps sans perte de salaire. Cette convention a été prolongée jusqu'à la fin de l'année. Mais, après avoir touché le fond, l'activité est en train de repartir.