À La Rochelle, 38 agents portuaires, électriciens d'exploitation, mécaniciens conducteurs d'engins, agents de maintenance et de nettoiement sont concernés par le transfert du public au privé. Sur ce nombre, 35 sont à la CGT et les autres à FO. C'est donc avec la CGT que le port et les entreprises négocient. Jean Canonge, délégué syndical CGT, participe aux négociations. « Le personnel est inquiet pour l'avenir, car nous ne savons pas grand-chose sur ce que nous allons devenir. Les négociations de gré à gré entre le port et les entreprises ont eu lieu. Mais seul SDV a signé. Maritime Kuhn et Eva ne l'ont pas fait. Nous attendons l'avis de la Commission d'évaluation. Mais dans la mesure où les négociations ont échoué pour deux des candidats, nous risquons d'être confrontés à un appel d'offres. À ce moment-là, n'importe quel manutentionnaire européen ou mondial peut venir s'installer à La Rochelle. Avec des conséquences que nous ignorons. »
Que deviendra alors le projet de création de deux structures, le groupement d'employeurs pour les grutiers et la SAS pour le personnel de nettoiement et de maintenance, sur lequel les entreprises de manutention du port s'étaient mis d'accord ? La CGT du port s'interroge aussi sur le transfert des outillages et se demande comment les entreprises vont faire mieux que la CCI qui a géré l'outillage depuis plus d'un siècle. D'autant que les subventions et aides déguisées sont interdites par l'Union européenne. « Nous assistons à une privatisation à la va-vite, dans de mauvaises conditions et tous les ports se heurtent à des difficultés, peut-être moins à La Rochelle car nous sommes peu nombreux. Le port est touché par la crise, mais il y a un lissage car les trafics sont diversifiés. Nous avons tout de même perdu 25 % du trafic manutentionné. »
La CGT a signé un bilan d'étape avec les manutentionnaires qui paraît correct et honnête à Jean Canonge. « Il y a les grands titres, mais maintenant il faut aller dans les détails. Parallèlement, la négociation sur la nouvelle convention collective est en cours. Nous espérons qu'elle sera prête pour la fin de l'année. Après, il reste beaucoup de travail. Je ne vois pas la mise en place de la réforme portuaire avant 2011. »
Les personnels ont des protections puisqu'un droit de retour a été prévu sur 14 ans. Malgré cela, cette plongée dans l'inconnu fait peur et les responsables CGT ne voient pas vraiment les avantages apportés par la privatisation.