Peut-on réellement parler de pôle maritime charentais ? À l'époque où La Rochelle et les deux ports du bord de la Charente étaient gérés par des chambres de commerce, un rapprochement avait été entrepris autour de synergies possibles, de démarches commerciales communes. Mais La Rochelle a changé de statut. Le port est devenu autonome puis Grand port maritime. Du coup, les relations se sont distendues et chacun mène sa barque comme il l'entend.
À vrai dire, les deux ports ne courent pas dans la même catégorie. La Rochelle frôle les 8 Mt, ambitionne de monter à 10 Mt. Le port peut accueillir de grands navires avec un temps de pilotage très court depuis la haute mer. Rochefort peine à revenir au million de tonnes qu'il a plusieurs fois atteint depuis la fin des années 90. Son accès demande trois heures de pilotage dans les méandres de la Charente. La taille des navires qui peuvent être accueillis est limitée. L'un a une vocation régionale, voire nationale, l'autre se limite à un hinterland local. Les deux ports ne sont pas concurrents mais complémentaires.
La vraie concurrence, avec les ports du nord de l'Europe, se situe à Nantes et à Bordeaux. Encore, là aussi, il faudrait peut être parler plus de complémentarité. La volonté du gouvernement est un rapprochement puisqu'il a créé un conseil de coordination inter-portuaire de l'Atlantique entre La Rochelle, Nantes et Bordeaux dont le président se trouve être Michel Quimbert, président du Conseil de surveillance du port de Nantes/Saint- Nazaire. Si chaque port mène son business comme il l'entend, le gouvernement souhaite qu'il n'y ait pas seulement concurrence mais aussi complémentarité, économies d'échelle et concertation.
Si les trafics de La Rochelle se rapprochent, en tonnage, de ceux de Bordeaux (9 Mt pour ce port en 2008), ils sont loin en dessous de ceux de Nantes qui dépassent les 33 Mt pour la même année. À Nantes et Bordeaux, les gros tonnages sont réalisés par les produits énergétiques, surtout les hydrocarbures qui en représentent dans les deux cas la moitié. Les produits pétroliers n'interviennent à La Rochelle que pour un tiers. Les céréales sont présents dans les trois ports, avec une prépondérance pour La Rochelle. Sur les produits forestiers La Rochelle est aussi en tête devant Saint Nazaire.
Comme les autres ports, La Rochelle et Rochefort Tonnay-Charente ont subi de plein fouet la crise économique déclenchée par la crise financière de 2008. La Rochelle s'en sort mieux en maintenant ses trafics à fin avec une baisse minime de 1,2 %. Le port des bords de la Charente accuse le coup avec une chute de 34 % de ses trafics.
À Rochefort, l'arrêt de l'usine d'engrais pendant 10 mois a réduit à peu de choses le premier trafic du port, mais sa réouverture va permettre de mieux finir l'année. À La Rochelle, les céréales et les produits pétroliers ont sauvé la mise alors que les activités liées au bâtiment souffraient. Tous se posent la question de la reprise économique.