L'âge d'or, les chantiers navals brésiliens l'ont connu dans les années 1970. « Le Brésil occupait alors la deuxième position parmi les principaux acteurs mondiaux de la construction navale. Durant la décennie suivante, de nombreuses difficultés ont quasiment causé l'extinction de l'activité dans le pays », rappelle le Jornal do Comercio. Mais les choses sont en train de changer. 1999 a marqué une renaissance discrète du secteur, et depuis 2006, le marché naval enregistre une forte croissance.
Les chantiers dopés par le secteur pétrolier
Les commandes de Petrobras et de Transpetro, sa filiale pour les activités de transport, ainsi que les financements garantis par le Fonds de la Marine Marchande (Ministère du Transport), ont permis de doper la filière. Transpetro a initié un Plan de Modernisation et de Rénovation de la Flotte (PROMEF) pour la période 2005/2015. Dans le cadre des deux premières phases de ce plan, un appel d'offres a été lancé pour la construction d'une quarantaine de navires. « Cette commande est la plus importante de l'histoire de l'industrie navale brésilienne. Elle représente une opportunité unique pour de nombreuses entreprises du secteur », juge Michel Curletto, responsable du secteur pétrole, gaz et chantier naval pour la Mission Économique de Rio de Janeiro. Parallèlement le Plan de Rénovation de la Flotte de Petrobras prévoit la construction de plus d'une centaine de navires de servitude. Au total, les commandes d'ici 2015 sont estimées à 214 unités, ce qui augmentera de 4,3 M tpl la flotte marchande battant pavillon brésilien (soit 7,6 M tpl contre 3,3 M aujourd'hui). Les découvertes récentes de méga-champs offshore augmentent d´autant plus les besoins du secteur en matière de construction navale. Comme le rappelle Ronaldo Lima, vice-président du Syndicat national des entreprises de navigation maritime (Syndarma), la présence d'entreprises comme Devon et Statoil, qui commencent à opérer au Brésil, contribue à la bonne santé du secteur. De nombreux chantiers ouvrent ou réouvrent pour répondre à cette forte demande. Actuellement, le Brésil possède 26 chantiers navals, dont Estaleiro Atlântico Sul, le plus gros du pays. Quatre d'entre eux - Aliança et MacLaren Oil (Rio de Janeiro), Wilson Sons (São Paulo) et Rio Grande (Rio Grande do Sul) - prévoient des agrandissements. Trois sont en phase d'implantation, à savoir Jurong (Espírito Santo), STX Brasil Offshore (Rio de Janeiro) et Estaleiro da Bahia (Bahia), et d'autres projets de création sont dans l'air.
Un secteur épargné par la crise
La crise internationale n'a pas atteint la construction navale. De 2 000 emplois en 2002, le secteur est passé à 40 000 en 2009, et selon les projections du Syndicat national de l'industrie navale, la filière pourrait compter jusqu'à 50 000 salariés d'ici fin 2010. « Le Brésil occupe déjà la sixième position de l'industrie navale au niveau mondial. Nous sommes parmi les premiers quant au rythme des commandes, et cela a tendance à augmenter », déclare Sérgio Machado, le président de Transpetro.
Seul bémol : le cabotage. Certes, certaines entreprises (Log-In, Transpetro) commencent à investir sur ce créneau. Cependant, « les chantiers navals sont débordés et il n'en existe aucun qui puisse construire des navires compétitifs pour le cabotage », souligne Jean-Pierre Bernard, consultant pour LFC Management. Une impasse ? Pas selon les experts. « Le développement du transport maritime et du cabotage ouvre de nouvelles perspectives pour le secteur sur le long terme », estime Michel Curletto. D'après lui, « les commandes actuelles marquent la reprise de la construction d'unités de grande envergure dans le pays, ce qui pourrait permettre au Brésil, une fois la demande interne satisfaite, de devenir un centre mondial de production de navires ».