Jacques Saadé, président du directoire du Groupe CMA CGM, est intervenu pendant l'Université d'été du Medef, le 3 septembre. Il est revenu sur les temps de crise que connaissent les armements mondiaux. « Depuis le début de l'année, le taux de fret d'un conteneur entre l'Asie et l'Europe est passé de 1 500 $ à 300 $. Dans le même temps les taux d'affrètement des navires enregistraient aussi un repli. Ceci a entraîné des pertes importantes pour les armateurs propriétaires de navires affectés à l'affrètement », a commencé le président du directoire du groupe CMA CGM. Et son discours est allé vers des revendications économiques. « À cela (les baisses de revenus) viennent s'ajouter les réglementations de Bruxelles qui sont pénalisantes, irrationnelles et injustifiées. » Il enfonce le clou en s'expliquant. L'aspect pénalisant de ces textes est lié aux interdictions pour les armateurs de se réunir « pour discuter du marché, de ses besoins, de ses taux et de ses surcharges. » L'irrationalité de cette réglementation tient à son champ d'application limité aux seules compagnies européennes puisque les armements asiatiques ne subissent pas les effets de ces textes. Enfin, elles sont injustifiées « car Bruxelles étudie aujourd'hui sérieusement l'annulation des consortia maritime. » Des regroupements qui doivent permettre de rationaliser les lignes par un partage des navires, argumente Jacques Saadé. Il souhaiterait que la Commission européenne revienne à la raison. Elle devrait être « consciente que les instructions qu'elle donne, et qui sont religieusement suivies, sont de nature à handicaper les compagnies maritimes européennes, alors que celles du reste du monde, compagnies asiatiques, sont libres de se réunir et sont aidés par leurs gouvernements respectifs. » Pour conclure il a lancé un appel, « je m'adresse aux autorités compétentes, bancaires et institutionnelles, pour qu'elles préservent les trois grandes compagnies maritimes européennes (Mærsk Line, CMA CGM et MSC, le tiercé de tête mondial) et assurent la pérennité du secteur en Europe. »
L'association des armateurs danois a répondu à l'armateur français, par son porte-parole, Jan Fritz Hansen, en disant « merci, mais non merci. » Le porte-parole de l'association danoise s'est inquiété. Ces demandes signifieraient que les contribuables devraient mettre la main à la poche. « Nous ne voulons pas une nouvelle atteinte aux règles de concurrence où les Français disposeraient d'avantage que les autres armements européens n'auraient pas. De plus, si les pays asiatiques agissaient en opposition aux règles internationales, il faudrait porter l'affaire devant les autorités compétentes en matière de commerce international. » Quant au différentiel demandé par les banques entre le prix d'achat d'un navire financé et le prix estimé à la livraison, de l'ordre de 20 % à 30 % selon Jacques Saadé, l'association danoise n'est pas opposée à examiner des schémas originaux pour passer le cap de la crise.