La campagne 2007/2008 avait été marquée à la fois par des volumes récoltés orientés à la baisse du fait de problèmes climatiques, et par une flambée générale des prix. Celle qui vient de s'achever n'a rien de commun avec la précédente, avec des moissons très abondantes et un retour à des prix plus habituels.
D'après les chiffres du Conseil international des céréales, la récolte 2008 qui sert de base à la campagne 2008/2009, a enregistré des résultats records. Le volume de blé est évalué à 687 Mt contre 609 Mt un an plus tôt. En ce qui concerne les autres céréales, l'orge a également connu une bonne année avec une récolte de 155 Mt (contre 133 Mt), tandis que le maïs réalisait 787 Mt, un niveau assez proche de l'année précédente (795 Mt).
Dans le monde, les principaux acteurs de la production céréalière ont enregistré de bons résultats, y compris l'Australie qui avait connu précédemment des sécheresses dévastatrices. Seule zone de moindre production en 2008, la région Proche et Moyen-Orient avec l'Iran, l'Irak et la Syrie. Sur le front de la zone Russie/Mer Noire, les résultats ont également été bons avec une production russe et ukrainienne en nette hausse, alors que celle du Kazakhstan marquait une contraction.
En ce qui concerne le blé tendre, l'Union Européenne a vu ses volumes progresser fortement avec un peu plus de 140 Mt, un chiffre supérieur à la récolte record de 2004. La production d'orge (65,7 Mt) marque également un chiffre record. La France a réalisé dans le même sens de très bons chiffres de production (37 Mt de blé, 12,3 Mt d'orge, 15,7 Mt de maïs), améliorant ainsi les quantités disponibles à l'exportation grâce à une bonne qualité des céréales moissonnées.
Trafics portuaires en forte progression
Avec une très bonne récolte, en quantité et en qualité, la France s'est bien positionnée à l'exportation. Cette campagne 2008/2009 a donc permis de réaliser de fortes sorties, notamment vers les pays tiers, et en particulier vers l'un des principaux marchés servis depuis la France, les pays du Maghreb.
Fin juin, FranceAgriMer (organisme qui a intégré depuis quelques mois plusieurs offices dont l'ONIGC - Office national interprofessionnel des grandes cultures) indiquait : « Au 26 juin, près de 9,5 Mt de blé tendre étaient déjà embarquées au départ de la France. Des chargements étaient encore en cours fin juin. FranceAgriMer maintient donc ses prévisions d'exportations françaises de blé tendre à 9,75 Mt pour la campagne 2008/2009. Les principales destinations du blé français sont : l'Algérie (3,5 Mt contre 1,6 Mt en 2007-2008), le Maroc avec 2 Mt (1,4 Mt en 2007/2008), l'Afrique noire (1,4 Mt contre moins d'1 Mt), l'Égypte (0,9 Mt contre 0,1 Mt), la Tunisie avec 0,3 Mt (20 000 t en 2007/2008), le Yémen (0,3 Mt contre 0,2 Mt) et la Lybie (90 000 t contre 40 000 t). Cette année, la France ajoute à son palmarès quelques destinations inhabituelles : l'Iran avec 320 000 t exportées sur cette destination, la Syrie avec 120 000 t et le Nigeria avec 100 000 t ».
Michel Ferret, chef du service « marchés et études filières » chez FranceAgriMer, souligne que « la campagne d'exportation de blé 2008/2009 est extraordinaire avec 17,5 Mt contre 13 Mt l'année précédente, dont 9,6/9,7 Mt sur pays tiers, un chiffre proche du record de la campagne 1984/1985 ». Si les pays tiers ont bénéficié d'un volume important, les sorties vers l'Union Européenne ont été marquées par une contraction (6,6 Mt contre 7,3 Mt). Concernant les sorties d'orge, elles ont progressé en Union Européenne (+ 10 % environ) et plus modestement dans les pays tiers (+ 6 %). Concrètement, les ports ont enregistré des résultats souvent en forte hausse : Rouen, leader du secteur, voit son trafic s'accroître de 63 % (7,5 Mt), réalisant ainsi sa meilleure campagne depuis 1999/2000. Trois autres ports français traitant plus d'un million de tonnes progressent fortement, La Rochelle à 3 Mt (+ 36,3 %), Nantes/Saint-Nazaire à 1,3 Mt (+ 46,8 %) et Dunkerque à 1,2 Mt (+ 111 %).
Il est encore un peu tôt pour évaluer la campagne 2009/2010. Dans ses prévisions de fin juillet, le CIC a indiqué une récolte mondiale de blé de 654 Mt (soit 5 % de moins qu'en 2008) et une consommation de l'ordre de 642 Mt, les échanges étant ciblés à 113 Mt, un niveau proche de celui des campagnes précédentes, exception faite de celle qui vient de s'achever (132 Mt). Selon un communiqué d'Arvalis (Institut du Végétal) et FranceAgriMer publié début août la récolte française de blé serait comprise entre 37,5 Mt et 38 Mt . « Le rendement moyen national, estimé à 77 quintaux/ha, se rapprocherait du précédent record de 2004. Au Nord de la Loire, les rendements atteignent 70 à plus de 90 quintaux/ha en moyenne et des maxima à 120 quintaux/ha sont observés du Bassin parisien jusqu'au Nord du pays ». Pour l'orge, la récolte était achevée, la production étant chiffrée à 12,8 Mt, un record absolu.