L'annonce d'un accord entre la direction GPMM et la CGT sur le terminal conteneurs des bassins Est, le 28 juillet, a soulagé les professionnels portuaires. Échaudés, les six armements qui desservent habituellement Mourepiane avant de se détourner vers le terminal Graveleau de Fos conditionnent le « retour progressif » de leurs services à « une confiance durable dans la stabilité sociale ».
De bien meilleures garanties pour les agents
En fait, seule la CGT a reçu des assurances pour la suite. Le transfert (le syndicat préfère le terme de « détachement ») d'une quarantaine d'agents conducteurs d'engins, soit la totalité du contingent et d'une vingtaine d'agents de maintenance, soit un peu moins de la moitié des effectifs, s'entourera de garanties qui vont bien au-delà de l'accord-cadre national de l'été 2008 signé par la FNPD. D'après les syndicalistes de Mourepiane, ils pourraient bénéficier « d'indemnités plus élevées en cas de licenciement économique » et d'une garantie de retour dans le giron du port « très largement augmentée » par rapport aux 14 années initialement convenues.
Malgré ces avantages supplémentaires, c'est l'entrée du GPMM au capital d'Intramar qui a achevé de les rassurer. La direction n'apporte aucune précision sur cette « participation minoritaire mais significative ». L'établissement public pourrait prendre 34 % des parts du manutentionnaire, filiale de la MGM détenue à 51 % par Port Synergy (50 % CMA CGM et 50 % DP World) et le reste à part égale par Sea- Invest, à travers Léon Vincent, et Socoman. De son côté, Michel Henry, le DG d'intramar, précise que le montage sera travaillé à partir de la rentrée quand « les actionnaires se mettront d'accord sur le montant de cette participation ». « Il reste à évaluer tous les aspects, à examiner une multitude de détails ».
Insolite, un opérateur de manutention privé/public
En attendant, tout le monde s'accorde à dire qu'un tel agencement devrait renforcer la viabilité d'Intramar et constituer un signe de l'engagement du port à maintenir, voire développer l'activité des bassins Est. S'il est insolite, la solution d'un attelage privé/public est conforme à la loi, rassure Jean-Claude Terrier. Mais il faudra l'assumer. Pour Intramar, entreprise en déficit chronique, le coût d'intégration des agents serait estimé à 2,5 Me annuels de charges supplémentaires. Et l'on peut s'interroger sur la réaction de l'entreprise bicéphale en cas de conflit social.
Mais on n'est pas encore là. La mise en oeuvre de l'opération détachement de personnel/participation au capital est pour l'instant subordonnée aux conclusions de la Commission nationale d'évaluation des outillages portuaires qui a examiné les propositions des manutentionnaires. Comme il se doit, aucune information perce autour de ces propositions. Le leader CGT des bassins Est, Pascal Galéoté, qui, visiblement, n'a pas abandonné tous ses doutes, évoque des prix « 30 % à 40 % inférieurs aux montants donnés par les expertises » qui pourraient apparaître comme des subventions publiques déguisées. Le coup de pied de l'âne vers la Commission européenne est encore moins déguisé. Pour sa part, Intramar a fait des offres pour quatre des cinq portiques équipant Mourepiane.
La CGT divisée suivant les bassins
Paradoxalement, ce qui peut apparaître comme une victoire de la CGT sonne la fin d'une époque. Pascal Galéoté ne cache pas « les divergences » d'analyse et de stratégie qui opposent les syndiqués de Fos-Graveleau et de Mourepiane. Sous la pression des agents des bassins Ouest, la section s'est scindée en deux entités géographiques en mars dernier. Comment l'assemblée générale de la CGT du port qui aura lieu fin octobre tirera t-elle le constat de cette dérive ? Sans attendre ce rendez-vous, la section CGT des bassins Ouest a élu en juillet Robert Cret comme son secrétaire général. Ce dernier s'est empressé de présenter les objectifs partagés avec la section CGT dockers en compagnie de ces derniers (voir article p.17). Une manière d'anticiper le futur éclatement de l'établissement public acté par la réforme.
200 agents du GPMM transférables vers la manutention
Combien d'agents, parmi les 1500 du GPMM, seront-ils transférés vers les opérateurs de manutention ? En un an, leur nombre n'a cessé de se dégonfler pour s'arrêter à 200 après l'accord sur Mourepiane. À la soixantaine d'agents du terminal marseillais, il faut en effet ajouter une soixantaine d'agents de maintenance et 75 de conduite qui devraient être transférés sur les trois terminaux des bassins Ouest : Carfos (Sea Invest) et Stockfos pour les terminaux minéraliers et des Tellines, Eurofos et Seayard pour le terminal de Graveleau. Des chiffres à compléter par les 250 agents des terminaux pétroliers des Fos-Lavéra qui seront dirigés vers une filiale contrôlée à plus de 51 % par le GPMM.