Une économie à l'abri des turbulences

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Avec ses 300 km de long, l'image d'Épinal de l'économie néo-calédonienne représente un énorme rocher de nickel. Alors, quand la crise économique mondiale a commencé à égratigner les cours des matières premières, le Caillou a craint le pire. Le tissu économique local s'accorde à ne pas baisser les bras. « La Nouvelle-Calédonie résiste à la crise », écrivent de concert les rapports des données économiques de l'île. L'Isee (Institut de la statistique et des études économiques de Nouvelle- Calédonie) note que le Caillou « affiche des indicateurs qui témoignent d'une activité économique encore soutenue en 2008. » Et pour la CCI, dans l'édition de mars de son mensuel CCI Infos, elle indique que « tous les indicateurs sont au vert. »

Cet optimisme débordant ne doit pas cacher certaines réalités. L'économie de la Nouvelle-Calédonie repose d'abord sur le Nickel. Au cours de l'année dernière, les cours du nickel ont perdu jusqu'à 70 % de leur valeur. « Ramenée sur une moyenne de 10 ans, l'année 2008 a encore des allures de bon cru », note la CCI. Les effets locaux de la crise du nickel sont analysés différemment. Selon des membres du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, un effondrement des prix de cette matière première n'a des répercussions qu'une fois sur trois localement. Selon le directeur général de la SLN (Société Le Nickel, filiale du groupe Eramet), le chiffre d'affaires du nickel d'Eramet a perdu 30 %. Et pour faire front à ce contexte, l'entreprise envisage des mises au chômage technique et réduction d'activité de la société. Des espoirs demeurent. Les plans de relance pris par les gouvernements américains et européens pour donner une nouvelle dynamique au secteur de l'automobile pourraient contribuer à relancer l'activité du nickel. Au final, les sociétés impliquées dans la production de nickel naviguent à vue.

La Nouvelle-Calédonie ne peut se résumer simplement au nickel. Ce secteur intervient, selon les données de l'Isee, à hauteur de 10 % du PIB. « Tous les indicateurs sont au vert », souligne Pascal Vittori, dans le mensuel CCI Infos de mars. La Nouvelle-Calédonie a continué à surfer sur la lancée de 2008 sur les premiers mois de 2009. Le BTP, secteur économique de premier plan, n'a subi que peu d'annulations de chantiers, dont l'un lié à la SLN. Et selon les responsables économiques du monde du BTP, les carnets de commande sont pleins jusqu'en fin d'année malgré la baisse des trafics sur les premiers mois de 2009. La Nouvelle-Calédonie a un besoin urgent en infrastructures routières notamment de Nouméa vers Koné. Déjà, la construction locale a pu absorber une partie importante de la population, démobilisée sur le terrain de la construction de l'usine de Goro Nickel. Alors, les responsables politiques préfèrent éviter de parler de la crise. « Trop en parler c'est lui donner une porte d'entrée sur notre île », soulignent certains professionnels. La fragilité de l'économie de l'île est donc menacée. La consommation des ménages suit la même tendance que les autres continents. Elle subit des coups de canifs mais arrive à résister. Tout dépend d'où on part, soulignent les responsables. Et, rapidement, les dernières études menées montrent qu'un Calédonien sur quatre est pauvre. «Une juste répartition des revenus permettra de consolider une stabilité sociale », indique une étude menée en 2008 par le Cerom (Comptes économiques rapides de l'outre mer). Poindre vers cet objectif c'est en quelque sorte éteindre le feu d'une flambée sociale qui a ravagé les DOM TOM au début de l'année.

Dans ce contexte de crise larvée mais pas encore née, le secteur des transports maritimes joue un rôle important. Porte d'entrée et de sortie avec l'extérieur, le port est un baromètre de l'économie. Les baisses de trafic tant à l'international qu'en intérieur démontrent la fragilité actuelle de l'économie. Largement dépendante du nickel, la Nouvelle-Calédonie voit ses trafics maritimes régresser.

Le risque de voir subitement baisser les indicateurs économiques a mis le Caillou sur ses gardes. Des réunions mensuelles étudient les évolutions de l'économie calédonienne pour parer à tout débarquement de la crise.

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