Le système AP+ a déjà ouvert ses portes sur l'international. Après avoir été choisi par les ports français, il est aujourd'hui adopté par les ports de Fort de France, Pointe-à-Pitre et à l'Île Maurice. Dans sa démarche de commercialisation, MGI est passé de l'autre côté de la Planète. La société marseillaise tente de s'implanter en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti. « Le port de Papeete et de Nouméa n'étant pas équipés d'un SIC, un tel outil permettrait de fédérer tous les professionnels privés et publics autour d'AP+ », expliquent les responsables de MGI. La base de fonctionnement de ce systsème informatique vise à suivre les expéditions maritimes au travers d'une plate-forme informatique, la gestion simultanée des aspects douaniers, logistiques, documentaires et commerciaux relatifs au passage de la marchandise dans le port. « Cette gestion sécurise la chaîne portuaire reliant l'ensemble des professionnels et les différents modes de transport », assure MGI.
Avant de mettre en place ce système, un audit est nécessaire. Une étape qui comporte quatre phases. La première vise à la description des fonctionnements actuels en interviewant les professionnels. La seconde phase consiste en une description des propositions d'optimisation ou d'amélioration des processus en cours aux organisations professionnelles. La troisième étape de cet audit doit permettre de vérifier l'adéquation entre le logiciel AP+ et les besoins recensés de la place. Enfin, dernier volet, une étude des besoins en interfaces entre le système communautaire et les systèmes des différents acteurs.
Cette propositin d'audit est à l'étude. À Nouméa, les professionnels s'interrogent sur la responsabilité du financement de cette phase. Un coût estimé aux environs de 50 000 ¤. L'autorité portuaire n'est pas disposée à payer l'intégralité de cette somme. Selon Jean-Pierre Héraut, le président du Spadet, syndicat des transitaires de Nouméa, cet audit pourrait être financé par cet organisme. Il estime aussi que ce système présente de nombreux avantages avec notamment un contrôle plus accru des marchandises. Une opinion que partageraient les Douanes, selon le président du Spadet.
Du côté des professionnels portuaires, et notamment des agents maritimes, cet outil présente un avantage de fédérer toute la place portuaire. Si les transitaires militent en faveur de ce projet, du côté des agents maritimes, des voix s'interrogent sur ce système. Du côté des partisans les agents reconnaissent dans ce système un élément fédérateur. Le financement ? « on le trouve dès lors qu'on le souhaite », souligne un responsable d'une agence maritime. Outre l'élément fédérateur ce projet doit amener à structurer le port, selon le responsable de Sato, Jérôme Mangard. Une position que partage Alain Chiron, responsable de l'agence CMA CGM qui voit dans ce projet l'opportunité de moderniser et renforcer l'organisation du port. De plus, selon Laurent Spano, responsable de l'agence de MSC, ce système présente aussi un atout en simplifiant les échanges entre armateurs, clients et les Douanes.
Au port, la direction générale attend. « Si nous estimons que ce projet concourre à l'amélioration du port, nous y regarderons avec intérêt », promet Philippe Lafleur.
Walter Etcheverry, directeur de l'agence AMRPP (Agence maritime du rond point du Pacifique), s'interroge. Il demande à voir les modalités d'intégration d'AP+ avec le système des Douanes, Sydonia, et les logiciels personnels. Ensuite, il explique que la police portuaire doit aussi s'impliquer dans ce projet. Enfin, il met le doigt sur le nerf de la guerre, le coût. « Ce système va coûter cher. Qui paiera et a-t-on les moyens de notre ambition ? » Le coût est estimé aux environs de 8,38¤ par DAU, soit au total une manne d'un million d'euros par an pour AP+. Au final qui verra son « pied de facture » rallonger pour permettre un plus grand contrôle des marchandises ? La question reste en débat entre les différents professionnels portuaires qui s'accordent tous à dire: « Nous alimenterons ce système dès lors qu'il sera mis en place. »