À Tahiti, trois sociétés se partagent la charge de la manutention, Cowan, Cotada et Sat Nui. Elles sont regroupées au sein de l'Unimap, Union des entreprises de la manutention portuaire, qui intègre aussi deux sociétés de transport routier, Tautu et Vannès, pour la livraison des conteneurs. La présidence tournante est assurée actuellement par Cowan. Le constat de l'Unimap est simple : une baisse de l'activité en 2008, mais hétérogène, contrastée pour certains acconiers, comme Sat Nui qui est passé du 1er rang au 3e. Moins marquée sur les conteneurs, avec 588 EVP de moins, elle est importante sur le conventionnel, avec -5%, soit 10 000 t de moins, et particulièrement sensible sur les matériaux de construction comme le ciment, le fer, l'acier. Pour les cinq premiers mois de 2009, la chute est plus importante ; les perspectives ne permettent pas de rattraper le retard dans 2008, d'autant que le contexte, aucun projets à l'horizon, n'est pas favorable. Après les grues portuaires, ces dernières années, les investissements se sont ralentis, pour Cotada, et même suspendus pour la profession. Les grues elles-mêmes pèsent sur le résultat, par l'ampleur de leurs charges, et de leur faible utilisation. Même si, parmi les navires qui touchent Tahiti, nombreux sont les navires équipés de leurs propres moyens de levage, l'investissement dans les grues portuaires reste une nécessité. Elles assurent la continuité du service en cas de défaillance des moyens de bord, et autorisent des cadences de déchargement plus rapides. Une équation entendue pour continuer d'attirer les navires : une baisse de qualité pourrait faire fuir les navires et Tahiti ne serait plus desservie que par transbordement, comme Mærsk semble le démontrer à partir de la Nouvelle-Zélande, pour son propre réseau mondial.
L'acconier Cotada, qui emploie 95 personnes dont 87 dockers, ne se plaint guère de l'année 2008, qualifiée d'excellente année. Ce qui n'est pas le cas des cinq premiers mois de 2009, avec 26 % de moins en tonnage par rapport à la même période de 2008. Avec tous les changements actuels, Cotada estime ne pas avoir de visibilité.
La société Sat Nui a le plus souffert en 2008, la perte des navires de Hapag Lloyd, la cessation de New Pacific Shipping, la restructuration de lignes, et la baisse des importations, notamment des ciments d'Asie, soit 20% de baisse en volume. En 2009, c'est la Bankline. Les volumes d'Asie ont chuté, caractérisés par une perte de 60% en véhicules, et de 15 % pour le reste. Au final, Sat Nui a passé le relais de major avec 42 % de l'activité en 2006, à Cowan en 2009, avec 41 %. Embellie cependant, elle récupère la nouvelle ligne feeder de Mærsk. L'emploi a souffert : de 116 personnes en 2007, Sat Nui a réduit à 80 personnes en 2009.
L'ensemble de la profession, au sein de l'Unimap, s'organise pour minimiser l'impact de la récession sur l'emploi, soit 400 personnes, acconiers et transports (Tautu et Vannès qui font partie du groupe Sat Nui, touchés eux aussi par le moindre transport de conteneurs). En cas de nécessité, l'Unimap pourrait miser sur les congés sans solde et le traitement différencié de primes.
La perte de l'huile de coco
À la suite de l'arrêt des navires de la Bank Line, qui prenaient l'huile de coco dans des citernes alimentaires, des solutions de substitution, flexi-tank et tank-tainer, étaient proposées en juin. Ces solutions ont été refusées par les clients de l'Huilerie de Tahiti, en raison des surcoûts de manutention et des problèmes techniques de stockage, volume exigé pour le stockage des conteneurs et réchauffage du produit avant pompage. Des recherches de navires-citernes n'ont pas abouti : il eût fallu livrer en une seule fois la production annuelle de Tahiti, qui dépasse 7 000 t. Il n'est pas envisagé, car considérée comme irréaliste, l'exportation du coprah lui-même. À Tahiti, on recherche une solution avec une certaine pression : les cuves de l'huilerie de Tahiti seront pleines le 15 août. L'usage en bio-carburant sera-t-il une porte de sortie ?