En 2006, nous écrivions que la moitié de l'effectif des pilotes devait être renouvelée dans les cinq ans. Une première cure de jouvence a eu lieu en 2008 avec l'arrivée de trois nouveaux pilotes à la station de Nouméa. Ils ont remplacé deux départs en retraite. Le troisième pilote a été embauché suite à la création d'un nouveau poste. Yann Bouvet, Sylvain Gautier et Emmanuel Cardon sont entrés à la station de pilotage pendant l'année 2008. Ce renouvellement des cadres intervient dans une période difficile pour le port. « Nous constatons une décrue des exportations du minerai », souligne François Urbain, président de la station. Auparavant l'usine australienne de Townsville s'alimentait à hauteur de quatre à cinq navires minéraliers par mois. Aujourd'hui le rythme s'est effondré et les pilotes entrent un à deux navires tous les trois mois. « Sur les trois premiers mois de l'année, nous avons senti une légère baisse. En avril, ce fut la dégringolade », continue le président de la station qui estime aux alentours de 20% la diminution du volume piloté. Alors, quand à la station le personnel est passé à 11 pilotes pour faire face à l'augmentation de trafic, le retour à la croissance est attendu avec impatience. Si l'exportation de minerais diminue, l'activité croisière n'est pas en joie non plus. « Les loisirs pâtissent les premiers de la crise. La saison risque d'être difficile, ajouté à cela le virus de la grippe H1N1, et nous avons des motifs d'inquiétude », constate amèrement François Urbain.
Pour l'avenir, les pilotes s'interrogent. La construction de l'usine de Goro Nickel et celle de Koniambo vont traiter le minerai localement. « Nous aurons donc moins de minéralier à entrer ou sortir. C'est un risque de voir le volume de pilotage diminuer. » Du côté pile, la construction de ces usines a demandé un grand nombre de navires pour importer les marchandises. « Il y a deux ans, sur l'usine de Goro Nickel, nous étions en pleine croissance avec un afflux important de matériel. Maintenant le port de Prony, lieu de chargement devant l'usine, est terminé. Nous avons installé une pilotine à demeure. » Pour l'usine du nord, sur le site de Koniambo, les pilotes sont intervenus en consultant sur la construction du port. Aujourd'hui, le port est achevé, le chenal est en cours de dragage et le bassin d'évitage est formé. « En novembre, le chenal sera fini d'être dragué et le balisage sera opérationnel. Ensuite, les infrastructrues portuaire et industrielle devront être achevées. »
Cette multiplicité des ports présente malgré tout un avantage pour le président de la station. Elle permet une meilleure répartition des marchandises. La multiplication des ports, et l'ouverture de celui de Prony ont incité la station de pilotage à acquérir une nouvelle pilotine. Réceptionnée en novembre 2007, elle a représenté un investissement de 140 MFCFP (1,2 M¤).
L'avenir est encore inscrit sous le signe du rajeunissement. Parmi les onze pilotes, quatre devraient partir à la retraite dans les trois prochaines années. De nouveaux concours vont s'ouvrir pour recruter. Ce rajeunissement des pilotes néo-calédoniens amène de nouvelles idées. Intéressés par les exercices sur simulateur, ils réfléchissent aux modalités. En premier lieu, ils doivent entreprendre une numérisation des ports du Caillou, ce qui représente un investissement lourd. Ensuite, il faut trouver un simulateur. « Soit nous empruntons celui de Nantes, et dans ce cas, cela nous coûte cher en déplacement. Soit, nous en utilisons un autre. Nous avons fait des tests intéressants avec le simulateur de Tasmanie », indique François urbain qui avoue qu'aucun choix n'est encore arrêté.
De nouveaux locaux
Les pilotes devraient déménager dans les prochains mois. L'autorité portuaire a investi en construisant de nouveaux bâtiments sur le bassin de Moselle. La station va donc déménager de quelques mètres pour rejoindre ses nouveaux bureaux. « Nous serons locataires, le bailleur étant le port. Nous devrons aménager les bureaux », confie François Urbain, président de la station de pilotage qui voit dans cette installation une autre preuve du rajeunissement de la station.