«Depuis Colbert, il n'y a pas eu de grands discours sur la mer ». C'est un proche de Nicolas Sarkozy qui s'exprime ainsi à l'issue du discours du président de la République prononcé le 16 juillet à l'hôtel de ville du Havre, à défaut d'avoir pu aller sur les quais. La CGT du Grand port maritime avait prévenu qu'une visite sur les terminaux serait synonyme d'arrêt de travail immédiat pour contester le détachement du personnel vers les entreprises privées. Néanmoins, le président de la République avait donc choisi le premier port pour le trafic de conteneurs pour développer la politique maritime de la France. Une politique « ambitieuse et cohérente » qui prend appui, selon le chef de l'Etat, sur la mise en oeuvre de la réforme portuaire. Une réforme qu'il a saluée hier en présence des grands armateurs, notamment Jacques Saadé, le président de la CMA CGM venu de Marseille pour écouter le chef de l'État. La politique maritime, vaste chantier. S'agissant des ports de commerce, l'objectif de Nicolas Sarkozy est de « doubler la part de marché des ports français dans les conteneurs pour la porter à 12 % du marché européen ». Le chef de l'Etat veut en finir avec un constat qui le « choque » : « Il est insensé que le trafic mondial de conteneurs augmente chaque année de 10 % et le trafic français de 1 % seulement », lance-t-il. Comment gagner la bataille des trafics ? « L'avenir de nos grands ports se joue aussi à terre », estime-t-il en annonçant des « investissements lourds » : une liaison fret du Havre vers Paris et vers le reste de la France. « Il faut creuser le canal Seine-Nord-Europe pour ouvrir la vallée de la Seine et le Grand Paris vers l'Europe du nord », ajoute-t-il. La condition pour réussir selon lui : la réforme du transport du fret ferroviaire. Le président de la République compte aussi sur la mise en place rapide des autoroutes de la mer.
Un « Livre bleu » définira d'ici la fin de l'année la stratégie maritime du pays. Il devra être validé par un Comité interministériel de la mer. Parmi les orientations qui seront retenues, la création, annoncée, d'une « école supérieure de formation maritime qui donnera accès à un diplôme de haut niveau, un diplôme d'ingénieur de la mer ». Le président de la République veut également une meilleure « coordination » des activités de l'État en mer avec la création d'une fonction de garde-côtes. Un ambassadeur français sera nommé à l'Organisation maritime Internationale et un programme « industriel ambitieux de conception et de construction des navires du futur plus sûrs, plus économes et plus écologiques » sera lancé.