Un réseau de ports avancés sur l'axe Rhône-Saône

Article réservé aux abonnés

L'avenir de Marseille-Fos est derrière lui. En dix ans, le port a fait du Rhône-Saône un axe vital pour son pré et post-acheminement, mais surtout une arme stratégique de renforcement de son hinterland, d'ancrage territorial. La tactique du GPMM qui après une participation dans le capital de Lyon port Édouard Herriot vient d'en prendre une autre sur la plate-forme de Pagny, est de réaliser des ports avancés tout au long des 500 km de la voie fluviale à grand gabarit.

Le boom du trafic fluvial au port de Marseille (+60 % entre 2002 et 2007) connaît un étiage. En 2008, le tonnage global sur l'axe Rhône-Saône n'a crû que de 1,6 %, mais dans un contexte national de baisse. L'année précédente avait elle aussi été décevante avec à peine +2,1 %, contrastant avec une grande période de progression à deux chiffres. Plus grave, l'an dernier, sous l'effet de la crise et des conflits sociaux, plus de 36 % du trafic conteneurs se seraient évaporés sur l'axe.

Une stratégie de ports avancés

Ce palier devrait rapidement sauter. Pour Marseille-Fos, la voie fluviale est à la fois un axe déterminant de son pré et post-acheminement et une stratégie de ports avancés afin de s'ancrer durablement sur des territoires riches et disputés : Rhône-Alpes et la Bourgogne d'une part, la Suisse et le sud de l'Allemagne d'autre part. Clairement engagée en 1999, cette politique a d'abord vu l'entrée du port marseillais dans le capital de Lyon port Édouard Herriot (16 %). Un contrat de progrès conclu il y a six ans entre l'établissement portuaire, Voies navigables de France et la Compagnie nationale du Rhône est venu institutionnaliser la quête et ses objectifs : multiplier le trafic sur le fleuve par cinq, parvenir à 130 000 EVP d'ici 2015 (il n'a été que de 42 600 en 2008) et porter la part du trafic conteneurs fluvial de 5,36 % actuellement à 8 % du trafic global de Marseille-Fos en 2012. Avec une telle part modale du fluvial, le port reste encore loin du standard nord-européen (Rotterdam culmine avec 40 %), mais se pose en modèle.

Med Link Port : vers une vallée de la logistique

Le lancement en fin d'année dernière de Med Link Port participe de cette ambition établie il y a dix ans. Marseille-Fos et les plates-formes multimodales de Pagny, Chalon, Mâcon, Villefranche, Lyon, Valence, Avignon-Le Pontet et Arles ont signé, avec le soutien de VNF, un partenariat qui va bien au-delà des objectifs de promotion posés. « Ces huit plates-formes forment un réseau naturel de captation et de redistribution de marchandises le long de l'axe Rhône Saône. Il débouche sur le port maritime de Marseille Fos où il trouve un accès aux marchés internationaux », souligne le GPMM que la perspective du prochain terminal à conteneurs Fos 2XL rend d'autant plus intéressé. « À terme, l'objectif final du réseau Med Link Ports est de proposer les mêmes services à la marchandise dans chacun de ses maillons : stockage de la marchandise, empotage et dépotage, facilités douanières. Ces services permettront aux clients de bénéficier de la même fluidité que s'ils avaient directement déposé leur marchandise au port de Marseille Fos », confient les partenaires. Et de souligner « Med Link Ports est la préfiguration d'un véritable réseau de ports avancés du port méditerranéen ». « L'objectif est de valoriser l'ensemble des zones logistiques multimodales : un réseau structuré capable de drainer les flux vers l'hinterland via des modes massifiés, économiques, fiables, sûrs et écologiques comme le fer ou le fleuve », précise Régis Martin, responsable des modes massifiés au port de Marseille Fos.

Un investissement capitalistique sur les plates-formes fluviales

Nouvelle pierre à l'édifice, la toute récente entrée du GPMM au capital de Pagny Terminal (10 %) montre sa détermination à contrôler le couloir Rhône-Saône, à transformer le couloir rhodanien en « logistic valley ». À travers cette participation, cette plate-forme multimodale située à l'extrême nord de la voie à grand gabarit, entre Chalon-sur-Saône et Dijon, scelle l'alliance de la Bourgogne et de la Méditerranée. Une alliance, soit dit en passant, largement initiée par les Bourguignons qui, à travers Aproport, ont grandement investi sur le terminal céréalier des Tellines.

« L'objectif pour Marseille-Fos est de consolider son hinterland vers le nord-est et de capter du fret sur des axes éloignés. Le port conforte son rôle de porte sud de l'Europe », analyse-t-on à la direction du GPMM. Avec la case pivot de Pagny, Marseille prend une position déterminante sur l'échiquier des échanges entre les ports du nord de l'Europe et la Méditerranée. Le GPMM se donne enfin des accès supplémentaires, notamment via des connexions ferroviaires, à l'hinterland de l'Allemagne du Sud et de la Suisse par exemple. « Le port pourra ainsi développer de nouvelles solutions logistiques, dites landbridges, qui allient les transports terrestre et maritime pour offrir un meilleur transit time vers ces zones. »

Au total, le port de Marseille Fos évalue à 40 000 conteneurs (EVP) les nouveaux trafics annuels, locaux ou internationaux, qu'il pourra à terme capter et fixer dans ses bassins. La remontée du Rhône n'est pas finie. Au titre de sa politique d'hinterland, le GPMM annonce sa volonté de réaliser de nouveaux partenariats capitalistiques avec des plates-formes intérieures.

Dossier

Archives

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15