Toulon privé d'autoroute de la mer

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En dehors de la marine nationale, la Corse apporte l'essentiel des ressources du port de Toulon. En s'y positionnant en 2001, la Corsica Ferries avait vu juste. Il en a fait la 1re plate-forme portuaire desservant la Corse avec 1 023 000 passagers en 2008. La compagnie a canalisé l'extraordinaire boum sur l'Île de beauté (le trafic a pratiquement doublé en 10 ans) et su détourner des flux marseillais. Pas seulement pour les passagers, mais aussi sur un secteur que l'on pensait imprenable : le fret roulant. Avec un cinquième du tonnage transporté et une progression de 14 % l'an dernier, l'armement de Pascal Lota en fait aujourd'hui le premier levier de croissance.

S'ils se réjouissent de ce titre de premier port continent-Corse, les édiles de Toulon et l'autorité portuaire sous la coupe du conseil général du Var ne sont pas totalement rassurés par ce quasi-monotrafic. Hubert Falco, maire de la ville et de la communauté urbaine et secrétaire d'État à l'aménagement du territoire a plus d'ambition. L'homme fort du Var veut bâtir une politique portuaire à long terme, notamment plus incisive vers les croisières et prône un remaniement de l'espace portuaire commercial. En attendant d'en savoir plus, les accès des installations voyageurs bénéficient d'aménagements pour donner de l'oxygène à une circulation auto asphyxiée.

L'orgueil de La Seyne Brégaillon

À peine son passé de construction navale refoulé, la Seyne Brégaillon s'enorgueillissait depuis avril 2005 de son autoroute de la mer : Toulon-Civitavecchia. PSA et Fiat approvisionnaient un fond de cale, mais la crise de l'industrie automobile a coupé, en février dernier, cette ligne sur Rome assurée conjointement par Louis Dreyfus et Grimaldi. Tirant un bilan, la CCI du Var a estimé que l'autoroute a vu transiter en quatre ans : 25 000 véhicules neufs, 16 000 camions et 7 000 véhicules de tourisme.

Depuis, les 13 dockers permanents et les 30 dockers occasionnels (Comptoir général maritime varois (CGMV), filiale du groupe Bolloré) se tournent les pouces en l'absence de fret. L'espoir d'une reprise a fait long feu. La sénatrice du Var, Christiane Hummel, vient de les informer que la ligne « n'avait, a priori, pas été retenue dans les autoroutes de la mer du Grenelle de la mer ». Rien ne sert de partir avant. Les dockers qui exposent leur incompréhension, « Brégaillon était la seule autoroute de la mer de France et on l'oublie dans le Grenelle de la mer ! », montrent des signes de nervosité. Ils avaient bloqué le port pendant cinq jours en mars, puis signé un protocole d'accord, assorti d'un chômage partiel avec maintien du salaire. Trois mois après ils s'interrogent « Quel est le devenir du port, des grues ? On voudrait des réponses ! »

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