Le président de l'Association des agents et consignataires de navires de Marseille-Fos et du Grand Delta est le plus marseillais des Hollandais. Jaap Van den Hoogen, par ailleurs directeur de l'agence marseillaise de CMA CGM, occupe un des meilleurs postes d'observation. Et il fait ses comptes. L'an dernier, le port a déploré 735 escales en moins (avec un total de 8 810) et l'année 2009 a mal commencé avec un nouveau recul de 280 navires sur 5 mois.
La crise et les conflits sociaux qui émaillent la mise en place de la réforme portuaire sont bien sûr à l'origine de cette hémorragie. Pour autant, le cap de la réforme qui l'a vu souvent monter au front est conservé. « On est dans la dernière ligne droite. Une période d'un à un an et demi est nécessaire pour que le changement entre dans les faits. J'espère que la sortie de crise va coïncider avec le renouveau du port. » Son ambition au bout de cette période ? Tout simplement que « Marseille soit considéré comme un port comme les autres. »
« Si on ne change pas tous ensemble, le plan de relance ne servira à rien », avertit-il. « Il faut améliorer le fonctionnement en regardant ce qui se passe dans les autres ports. » D'un naturel pragmatique, Jaap Van den Hoogen préfère attirer l'attention sur les faits signifiants. « Le conflit des agents de conduite des bassins Est a au moins un mérite. Il a révélé aux armateurs les disparités existantes entre les deux bassins. À l'Ouest, on travaille même s'il pleut, la productivité est plus importante et les coûts moins élevés. Tous les armateurs sont maintenant au courant. »
Nouveau progrès de place, « Nous avons gagné des relations privilégiées avec les services des douanes. Aujourd'hui, nous avons appris à discuter conteneurs vides, déclarations AP+... ». Cela n'a pas toujours été le cas. « Lors du retour à Mourepiane de la CMA, le navire a vu toutes ses boîtes en transbo bloquées par la douane. Pourquoi ? Le scanner mobile des douanes était à Marseille ce jour-là, il fallait donc l'utiliser à plein rendement. »
Autre anecdote. « À Marseille, beaucoup de problèmes proviennent de ce qu'on y applique les règles à la lettre », confie-t-il. Cette rigidité joue souvent perdant. « Un jour, la productivité sur le terminal de Mourepiane est si élevée que l'acconier avertit l'armateur que le travail sera fini le soir même. La réservation du portique pour le lendemain matin est donc levée. Mais le portique tombe en panne en fin d'après-midi. Impossible de prendre une nouvelle réservation. Résultat, il a fallu attendre le shift du lendemain après-midi pour que le travail reprenne. »