Entre le luxe et le lourd

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Le luxe sera-t-il le vestige d'un secteur qui occupait plus de 10 000 personnes, il y a 30 ans ? Malgré des installations quasiment uniques en Méditerranée, la réparation navale lourde n'en finit pas d'agoniser à Marseille.

Exit l'UNM

Le dernier épisode date d'il y a quatre mois avec la liquidation de l'Union naval Marseille, dernier avatar d'une série d'entreprises décédées sans y mettre les formes. Après une entrée remarquée fin 2006 (elle précédera le rachat du remorquage Abeilles), le groupe espagnol Boluda a déserté au bout de deux ans laissant 130 emplois à quai. Une liquidation que vient de confirmer la cour d'appel d'Aix-en-Provence. Les salariés qui occupent toujours les installations industrielles, avaient mis leurs espoirs d'un renouveau de la réparation navale marseillaise dans une reprise par la DCNS dont l'établissement toulonnais s'ouvre aux interventions sur les unités civiles (elle a effectué l'arrêt technique du NGV Liamone de la SNCM). Une réunion au ministère de l'économie et des finances, le 16 juin, a ruiné leur scénario d'un GIE proposé par la Fédération CGT et les élus communistes.

Pour les syndicalistes, la proposition était « une solution transitoire en attendant de trouver un véritable partenaire industriel. » En fait, le rôle de l'éventuel repreneur est triple : assurer la chaudronnerie lourde, être l'assemblier pour les interventions d'une dizaine de PME spécialisées du secteur et impulser l'activité commerciale.

Comment, avec un fonds de commerce constitué par les armements locaux, une telle activité ne serait-elle pas viable ? Les unités qui assurent la desserte de la Corse par exemple, constituent de véritables abonnés. Mais voilà, ce rôle d'assemblier, la SNCM et la CMN peuvent parfaitement l'assumer eux-mêmes à moindres frais. D'où une certaine neutralité observée tout au long des conflits émaillant l'histoire lourde de la réparation navale marseillaise.

La CMA CGM dernier recours ?

Cette activité va-t-elle se transformer en simple station-service comme le dénonce depuis 15 ans la CGT ? C'est dans un des moments les plus désespérés qu'une solution interne apparaît. En validant le 10 juin le projet de la CMA CGM d'aménager la forme 10, le Conseil d'État remet « du lourd sur la table ». Le n° 3 du transport conteneurisé voit confirmer ses vues sur la forme de radoub n° 10, la plus grande de Méditerranée (465 mètres de long sur 85 de large). Avec un investissement de 350 M¤ sur les 10 ha du site, il prévoit l'achat d'un nouveau bateau-porte qui permettrait la remise en opération de la forme géante, mais aussi la construction d'un hôtel, l'implantation de 130 à 150 anneaux de plaisance et l'aménagement d'une zone dédié à la réparation de plaisance.

L'établissement portuaire qui avait lancé un appel d'offres en 2006 avait retenu cette solution en avril 2008, décision contestée devant les tribunaux par un candidat malheureux qui s'estimait lésé. Que va faire aujourd'hui la CMA CGM qui n'a effectué aucun commentaire officiel à la suite du feu vert de la haute juridiction ? Il est à noter qu'à l'origine, la mise au point des contrats et la signature d'un accord définitif entre le PAM et CMA CGM devaient intervenir avant le 1er janvier 2009. Plus fondamental, la crise est, entre-temps, passée par là.

L'armement de Jacques Saadé confirmera-t-il son intention de pouvoir réparer ses supers PC à Marseille ? Ce n'est pas certain. Quoi qu'il en soit le projet qui devrait créer quelque 300 nouveaux emplois et garantir une réparation navale lourde à Marseille demandera au bas mot deux à trois ans pour sa réalisation. D'ici là...

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