Suivant le dernier pointage du syndicat des manutentionnaires, le Semfos, le compteur du nombre des dockers professionnels se serait arrêté sur le chiffre de 1 000 tout rond. Il devrait descendre de plusieurs unités dans les mois à venir avec de nouveaux départs dans le cadre du plan amiante. Sur les douze dernières années, malgré la faillite de Somotrans, alors premier manutentionnaire de la place, et de l'UPA, malgré les nombreux départs anticipés dus au plan l'amiante, le nombre des dockers sera resté plutôt stable. On en comptait 1 036 en 1997.
En fait, le chiffre global masque plusieurs tendances lourdes. Au lendemain de la réforme de la manutention imposant la mensualisation des ouvriers, les 8/10e avaient été versés dans les entreprises. Aujourd'hui, à peine un peu plus d'un quart (27 %) relèvent de la mensualisation classique. Les intermittents ont suivi la même pente descendante en passant de 266 en 1997 à 189 aujourd'hui.
Gemest et Gemfos : plus de 54 % des effectifs dockers
Où sont donc passés tous les autres ? Ils figurent dans le Gemfos à l'Ouest et le Gemest à l'Est, des associations créées à l'initiative des manutentionnaires qui fonctionnent comme des « BCMO privés ». Les acconiers marseillais ont rapidement compris l'intérêt de l'intermittence par rapport aux charges fixes commandées par la mensualisation. Tournant le dos à la loi de 1992, sinon à son esprit, ils ont su faire preuve de pragmatisme. Le Gemest et le Gemfos qui recueillent aujourd'hui 54 % des effectifs dockers, ont été édifiés avec la coopération pour ne pas dire la collaboration des sections CGT. Tel patron vante volontiers l'esprit de responsabilité qui prévaut dans ces structures avec le syndicat docker. Cette organisation « à la marseillaise » a eu au moins un grand résultat : les grands affrontements avec la main-d'oeuvre appartiennent désormais au passé. Depuis plus de dix ans, mis à part des participations solidaires à des mouvements nationaux, les manutentionnaires se réclament du calme social exemplaire de la corporation.
L'étude des effectifs révèle une autre tendance. Pour la première fois de son histoire, le port de Marseille compte plus de dockers à l'Ouest qu'à l'Est. En 1997, les bassins marseillais attiraient encore 63 % de la main-d'oeuvre ; aujourd'hui à peine 48 %. Et la tendance qui suit le déclin des installations historiques n'est pas près de s'achever...
R.V.