Les projections ne craignent pas la crise. Tant mieux pour le plan stratégique du GPMM adopté le 3 avril par ses instances dirigeantes. D'ici cinq ans, il prévoit un trafic global de 120 Mt et se fixe la barre des 150 Mt en 2020. En 2008, ce trafic a atteint les 96 Mt. Ramenée en pourcentage, la moyenne de la croissance escomptée serait donc de l'ordre de 4 % à 5 % par an. Le chiffre serait loin d'être démesuré si l'inconnue de la crise ne venait ébranler les fondements de n'importe quelle équation économique. Cette année, le GPMM a déjà prévu une baisse de plus de 6 % du trafic. Il faut également tenir compte de l'expérience. Il y a 10 ans alors que le transport maritime international allait connaître un boum sans précédent, Éric Brassart, le directeur général du PAM, décrétait un « changement d'ère » et un plan de développement « Marseille port global » qui assurait 1,2 MEVP pour 2004. On connaît aujourd'hui la réalité avec 850 000 EVP enregistrés en 2008.
Conteneurs, énergie et roro en pointe
Pour autant, le GPMM compte bien atteindre la barre des 5 MEVP pour 2020. Avec la réforme portuaire, l'autorité portuaire mise sur l'effet XL des nouveaux terminaux conteneurs qui sortent de la darse 2 : Fos 2XL qui s'apprête à être livré aux opérateurs privés en 2009, tandis que les travaux de Fos 3 et 4XL seront lancés avant 2013, « lorsque Fos 2XL sera en vitesse de croisière ».
Autre secteur de croissance, les 90 Mt attendus en 2020 pour le trafic des hydrocarbures (67 Mt en 2008). La montée en puissance des flux de produits raffinés (quatre nouveaux postes à quai représentant 65 M¤ d'investissements), le gonflement du GNL (mise en service GDF2 et projet Shell) mais aussi, l'implantation d'une usine de biodiesel et des dépôts de produits raffinés d'Oil Tanking Mediaco Marseille, sans oublier l'extension des capacités de stockage de DPF. L'objectif du GPMM est de gagner 1 % de part de marché d'ici 2020 en augmentant ses trafics de 13 Mt en 2013 puis de 10 Mt supplémentaires en 2020.
600 M¤ publics pour attirer 3 Md ¤ privés
Autre activité promise à l'embellie : le trafic roro devrait passer de 4 Mt (chiffres 2008) à 7 Mt à l'horizon 2020 grâce à un terminal « autoroute de la mer » branché directement sur « une autoroute ferrée ».
Pour atteindre ces seuils, le GPMM mettra en oeuvre un plan d'investissements sur cinq ans de 600 Me auquel l'État apportera 100 Me et les collectivités territoriales 65 Me. « C'est beaucoup, mais à la fois ce n'est pas une révolution. C'est surtout un catalyseur pour d'autres capitaux », avertit Patrick Daher, président du Conseil de surveillance en rappelant que d'ici 2013 un total de 3 milliards d'investissements privés est attendu sur l'ensemble des installations.
Comment se répartira l'effort public ? 315 M¤, soit plus de la moitié, seront destinés aux conteneurs et à la logistique. 87 M¤ iront au secteur Énergie et vracs liquides, 18 M¤, pour les vracs solides et Industries, 82 M¤ pour les Ro-Pax et l'interface ville-port et enfin, 98 M¤ pour le support au développement.
Les 5 orientations du plan stratégique
Tout en s'affirmant comme un port « global, euro-méditerranéen et responsable », cinq orientations ont été retenues dans le plan stratégique :
relever le défi de la massification du conteneur à Fos ;
se diversifier pour rester le port de toutes les énergies (pétrole, biocarburants, GNL, solaire, éolien) ;
conforter la position de porte sud-européenne pour les vracs solides
constituer un hub roulier euro-méditerranéen ;
développer le grand port passagers.
CFDT : la direction navigue à vue
Pour la CFDT, « la réforme doit permettre de faire évoluer le port vers un port aménageur, un port public, global et favoriser le développement durable ». Une position de principe battue en brèche sur le terrain, car « la vraie réforme au niveau des ports, reste la relance d'un dialogue social normal ». Se plaignant d'être mal ou pas informé par la direction du GPMM, le syndicat accuse cette dernière de « négocier en sous-main avec la CGT ». Pendant ce temps « la FNPD-CGT s'arrange au niveau national pour garantir la continuité de son bastion. La convention collective des ports est en train d'être supprimée à sa demande. La CGT souhaite ainsi récupérer la totalité des salariés des ports dans la convention collective docker, où elle est largement majoritaire ».
Selon la CFDT, « l'application marseillaise de la réforme n'est pas faite en fonction d'une réelle volonté de développement économique du port. Encore une fois, la direction navigue à vue en fonction des aléas économiques, des annonces de la place portuaire et des communiqués de la FNPD-CGT ».