Depuis le 12 juin, ils observent des mouvements qui paralysent les portiques. Conséquence, seuls les armements (CMA CGM et Marfret) dont les navires sont gréés peuvent procéder, avec lenteur, au chargement et au déchargement, des opérations menées avec les dockers qui, eux, travaillent normalement. Les compagnies Borchard, Contenemar et Turkon sont, en revanche, encore une fois prises au piège.
Le mouvement qui avait déjà affecté le terminal conteneurs de début février à mi-avril, a donc repris à trois semaines de la remise par les manutentionnaires de leurs propositions de reprise de personnels et d'outillages de conduite. Contrairement à leurs homologues des bassins Ouest (Fos), ces agents refusent d'être versés dans le privé. Pour cela, ils prennent prétexte du déséquilibre financier des manutentionnaires marseillais, tout au moins de l'opérateur de Mourepiane, Intramar, et du manque de perspective de développement des bassins Est. Ils s'opposent également à la création d'une société filiale des opérateurs avec une participation importante du GPMM pour loger les outillages et les personnels détachés à la maintenance.
« Les clients sont excédés », avertit Michel Henry, le directeur général d'Intramar. Ce dernier s'est plaint de n'avoir à ce jour « rien, aucun document signé contrairement à d'autres ports », alors qu'un protocole d'accord doit en principe être conclu d'ici le 3 juillet pour être remis au GPMM. « Certains armateurs prennent des dispositions pour quitter définitivement les bassins Est. Naturellement des pertes de volume sont de nature à remettre en cause les accords, la réforme et les équilibres économiques de la place », avertit-il. Ses appels à « la fédération CGT à faire reprendre le travail immédiatement, pour que puissent se poursuivre des négociations » sont restés vains.
Jaap Van den Hoogen, président de l'Association des agents et consignataires de navires, a enfoncé le clou : « À l'Ouest, on travaille même s'il pleut, la productivité est plus importante et les coûts sont moins élevés. Tous les armateurs sont maintenant au courant de cette différence. » Cette menace à peine voilée de boycott de celui qui est, par ailleurs, directeur de l'agence marseillaise de CMA CGM, le principal client conteneurs de Marseille, a peu de probabilité de se concrétiser. Elle toucherait par contrecoup les dockers dont le taux d'inemploi devient une préoccupation majeure sur les bassins Est. (voir notre dossier en p.15)
Des investisseurs asiatiques intéressés par le port de Marseille
Il se murmure avec de plus en plus d'insistance que des investisseurs coréens et chinois s'intéresseraient au port de Marseille. La rumeur a passé le stade des gazettes économiques. Faut-il y voir une conséquence de la dernière tournée marketing de Dominique Bussereau en Asie ? Ou plus simplement les difficultés des manutentionnaires « historiques » des bassins Est à boucler la réforme attireraient déjà des opportuns ? Quoi qu'il en soit la probabilité de s'aligner sur Mourepiane en cas de carence des opérateurs de la place existe. Il y a trois mois, Jacques Pfister, président de la CCIMP, s'était interrogé sur le devenir du terminal conteneurs marseillais : « Est-ce que Mourepiane compte pour la Chine ? ». La réponse pourrait curieusement se révéler affirmative.