Le conflit qui oppose les deux sociétés de manutention en Afrique de l'Ouest est loin de se terminer. Après les « premiers cris de victoire » du groupe Bolloré le 29 mai pour avoir récupéré ses actifs, l'affaire ne devrait pas en rester à ce niveau. « Nous avons été spolié, souligne Jacques Dupuydauby. J'irais jusqu'au bout des procédures pour récupérer mes biens. » L'affaire remonte à 2005 quand le groupe Bolloré engage des actions contre le groupe Progosa pour avoir « détourné » deux filiales de manutention au Togo et au Gabon. Après plusieurs procès, l'affaire a connu, le 29 mai, un nouveau rebondissement. Une décision de la justice togolaise reconnaît au groupe Bolloré sa propriété sur les actifs de la filiale de manutention S2EM. Immédiatement, un administrateur est nommé, en la personne de Pascal Cotti, directeur général du groupe Bolloré au Togo. « Ce jugement ne m'a pas été signifié », répond Jacques Dupuydauby. Une nomination qui étonne le président de Progosa qui rappelle que Pascal Cotti a été mis à la disposition du Parquet du Togo en février 2006 pour « corruption active de magistrats ».
Le groupe Progosa a aussi fait l'objet d'un contrôle fiscal. « Nous n'avons pas été notifié du moindre redressement à ce propos », indique Jacques Dupuydauby. Le site Republicoftogo.com a déclaré, le 30 mai, Jacques Dupuydauby en fuite. « Je ne suis pas en fuite. J'ai quitté le Togo en toute légalité et les tampons sur mon passeport en attestent », souligne le président de Progosa. Quant aux allégations lancées à son encontre de faire l'objet d'un mandat d'arrêt international, elles semblent anticipées. « Je me suis présenté à un inspecteur espagnol en tant que citoyen espagnol et résidant à Séville. Interpol dispose d'une copie de mon passeport. Je suis libre de mes mouvements. »
L'État gabonais nous a spolié
Au Gabon, le patron de Progosa s'étonne de la tournure des événements. Après un jugement en première instance en 2008, « le groupe Bolloré a récupéré ses actifs selon le jugement de ce tribunal », indique Jacques Dupuydauby. Une procédure en appel a infirmé ce jugement et reconnu à Progosa la légalité des biens. Une procédure en cassation a confirmé l'appel et a condamné le groupe Bolloré à des dommages et intérêts. Pour faire valoir ses droits, le président de Progosa a porté plainte devant le Cirdi (Le Centre international de règlement des différends relatifs à l'investissement, organisme dépendant de la Banque mondiale). Ce centre a reconnu la plainte recevable et a désigné un tribunal arbitral pour juger de l'affaire. Dans cette procédure, Jacques Dupuydauby attaque l'État gabonais de ne pas faire respecter les décisions de justice. « L'État gabonais nous a spolié », rappelle Jacques Dupuydauby. Devant le tribunal arbitral, le groupe Progosa a désigné son expert, l'État gabonais aussi. Le Cirdi doit présenter le président du tribunal. Une procédure qui devrait s'étaler sur un an.
Au final de ces nouveaux rebondissements, le groupe Progosa a perdu ses activités de manutention au Gabon et au Togo. Le président du groupe se dit prêt à aller jusqu'au bout.