Le 2 juin, un avion espagnol de patrouille maritime et la frégate britannique Portland ont déjoué la tentative de détournement d'un navire marchand battant pavillon de Saint-Vincent par deux embarcations de pirates dans le golfe d'Aden. Selon le ministère espagnol de la Défense, des fusils AK-47 et M-16 ainsi que des lance-grenades RPG ont été saisis. Les sept pirates appréhendés ont été relâchés. La veille, la Marine nationale française a remis aux autorités de la région semi-auto- nome du Puntland deux pirates capturés et les corps de deux autres tués lors d'un récent affrontement avec un bâtiment militaire indien à une date non précisée. Les morts et les prisonniers avaient ensuite été transférés sur un bâtiment français.
Le 25 mai, l'Iran a dépêché six bâtiments sur zone pour, notamment, protéger les pétroliers battant son pavillon. Le 29 mai, l'Australie a annoncé l'envoi d'une frégate et d'un avion de patrouille maritime. Le même jour, à New York, l'émissaire spécial des Nations unies pour la Somalie, Ahmedou Ould-Abdallah, a souligné l'efficacité de l'intervention de la force navale internationale. Les pirates sont en effet contraints d'aller plus loin et de dépenser une partie plus importante des rançons pour détourner les navires marchands et éviter d'être interceptés. « De nombreux pirates ont été capturés. Une centaine ont été mis en état d'arrestation. J'ignore combien ont disparu, dit-il, j'imagine que les financiers qui les soutiennent savent aussi qu'ils sont surveillés. » Trois jours plus tôt, le « Groupe de contact sur la piraterie au large de la Somalie », qui inclut les États-Unis, l'Union européenne, l'Otan et l'ONU, a signé une déclaration sur les mesures à prendre, à savoir l'arrestation et le jugement des pirates ainsi que la création d'un véritable corps régional de gardes-côtes. De son côté, le ministre somalien des Affaires étrangères, Mohamed Aboullahi Omaar, estime que cela permettra de créer des emplois pour les jeunes Somaliens, tentés d'entrer en piraterie pour échapper à la pauvreté.
Un tribunal international
La piraterie a été à l'ordre du jour du sommet du G8 (Canada, États-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie), tenu à Rome les 29 et 30 mai. Les ministres de l'Intérieur et de la Justice sont parvenus à un accord exprimant leur volonté de définir un cadre légal pour juger les pirates somaliens. Ils vont aussi aider les pays d'Afrique de l'Est à renforcer leurs institutions judiciaires. Le Kenya ne souhaite pas se voir confier tous les cas de piraterie de la région. Les pirates capturés représentent un véritable casse-tête juridique. En effet, les pays occidentaux ne disposent pas nécessairement de l'autorité nécessaire pour les juger, mais ne peuvent pas non plus les remettre à la Somalie où un jugement équitable n'est guère garanti. « Nous voulons renforcer notre capacité à enquêter sur cette criminalité et à en poursuivre les auteurs, ainsi qu'à récupérer les biens obtenus illégalement par la piraterie », a indiqué le ministre italien de la Justice, Angelino Alfano. « Les pirates sont seulement d'anciens pêcheurs, mais leurs maîtres sont des gens qui sont parfois des acteurs importants de la vie économique de pays voisins. Nous voulons coopérer pour arrêter les vrais cerveaux et leurs intermédiaires », a ajouté la ministre française de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie. L'accord demande également une plus grande coopération avec les pays en développement pour confisquer les biens des bandes criminelles organisées de la drogue et de la piraterie.
Enfin les 9 et 10 juin, l'Italie doit organiser un sommet consacré à la stabilisation de la Somalie et à la lutte contre la piraterie, avec les représentants du gouvernement somalien et de l'opposition.
Kenya et Tanzanie, projet de patrouilles communes
Le Kenya et la Tanzanie pourraient constituer des patrouilles navales communes pour assurer la sûreté de leurs eaux territoriales contre la piraterie. Cette question a été discutée lors d'une rencontre, fin mai, entre le vice-président kenyan Musyoka et le président de Zanzibar Aveid Karume, qui ont abordé également le détournement des trafics par le cap de Bonne Espérance. Les compagnies maritimes imposent déjà une surcharge de plus de 30 $ par EVP pour couvrir les frais de la distance supplémentaire. « La question de la piraterie est aujourd'hui si sérieuse qu'elle affecte les économies de nos deux pays. Nous demandons que le Kenya et la Tanzanie participent à des activités navales communes dans la région », a notamment déclaré le président de Zanzibar. « Tout doit être fait pour que la piraterie soit traitée de façon décisive », a ajouté le vice-président kenyan. L'archipel de Zanzibar constitue une entité administrative autonome au sein de la Tanzanie.